LA NUIT NOUS APPARTIENT (We Own the Night)
Réalisateur : James Gray
Scénario : James Gray
Avec : Joaquin Phoenix, Mark Wahlberg, Robert Duvall, Eva Mendes
A la fin des années 80, à New-York. Bobby Green est le gérant d'une boite de nuit fréquentée par des trafiquants de drogue et des gangsters en tous genres. Il a prit ses distances avec son père, chef de la police, et son frère, capitaine de police, préférant se vie de débauche avec son amie Amada. A la suite d'une discussion à trois, Bobby refuse de coopérer à la lutte contre les trafiquants que compte mener son frère.
Originalité : 8/10
Scénario : 9/10
Musique : 9/10
Interprétation : 9/10
Mise en scène : 9/10
>> Note globale : 8.8/10
Le premier plan de la première séquence donne tout de suite le ton : la mise en scène est éblouissante, l'interprétation travaillée, la musique colle parfaitement. L'impression d'atteindre l'orgasme au début des préliminaires, la sensation est rare. Très rare pour être soulignée. La suite n'est que confirmation d'un pressentiment originel : nous sommes devant du grand cinéma, où chaque plan est réfléchit, chaque intonation juste, chaque acteur complètement imprégné de son rôle. Joaquin Phoenix est éblouissant de réalisme, Mark Wahlberg nous pousse à questionner ses choix de carrière (une moyenne de un bon film pour deux navets) puisqu'il est bon, très bon. Robert Duvall, en retenue, utilise son charisme au service du rôle. Quant à Eva Mendes, elle devient en l'espace de quelques plans, une véritable icône de sensualité.
Dans une lignée scorsesienne, James Gray livre plusieurs séquences qui marqueront à coup sûr le cinéma des années 2000 : une ouverture magistrale, une séquence oppressante dans un "laboratoire" de trafiquants de drogue, une course poursuite originale, et des séquences finales magnifiques. Considérons la seconde particulièrement, ou comment une simple visite se transforme en leçon de cinéma. Passant du subjectif à l'observation intime de Phoenix, tétanisé par ce lieu, dont on observe en direct, et avec compassion, son écroulement mental, jusqu'au point de non retour, Gray est probablement à l'apogée de son style. La poursuite en voiture, elle aussi simpliste a priori, se transforme en performance par des choix audacieux : aucune musique, juste quelques sons lointains, quelques prises de vue extérieures. Le réalisateur filme un homme qui subit une action (l'attaque par des trafiquants de la voiture de son père), avec un fond sonore subjectif. Cela existe déjà, mais c'est souvent trop appuyé pour que cela fonctionne vraiment (Tom Hanks sur la plage dans Saving Private Ryan). La performance est d'autant plus appréciable ici. Et comme tout n'est que performance dans ce film, on ne peut que l'applaudir et en redemander.
5 commentaires:
Le seul Gray qui m'ait un peu déçu on retrouve sa virtuosité de mise en scène (le gunfight en voiture étourdissant, l'ouverture sur Eva Mendes qui danse sur du Blondie)et sa direction d'acteur parfaite ainsi que ses thèmes de prédilections mais un peu trop de raccourci scénaristiques pour moi quand même Phoenix qui devient flic et se retrouve sur le terrain le fusil à la main en sain minute c'est un peu trop. Ca reste excellent tout de même mais moins rigoureux que les précédents. Par contre Two Lovers qui suit est un petit bijou !
La rapidité de transformation du personnage de Phoenix ne m'a pas trop surprit, car on sent dès que son frère est à l'hôpital qu'il n'est pas vraiment dans le camp des voyous, et qu'il est toujours sur le fil. Quant aux scènes de voitures et l'intro, nous sommes d'accord, c'est remarquable.
En revanche ... j'ai été très déçu, moi, par son film suivant, Two Lovers, longuet, pas très passionnant malgré quelques trouvailles et des audaces (renouveler la comédie romantique). Comme quoi ...
Je trouvais moi qu'il commençait à se répéter dans le polar et transposer ses thèmes de prédilection dans le drame romantique (et adaptation officieuse de Dostoiesvki)lui a fait vraiment fait du bien,vraiment un de mes films préféré des années 2000 ce Two Lovers. Et Joachin Phoenix y est à nouveau incroyable...
C'est peut-être parce que je n'ai pas encore vu ses premiers films ... ;)
Sans doute du coup pas le même sentiment de répétition que j'ai pu ressentir effectivement... Little Odessa et The Yards sont fabuleux en tout tu peux foncer les yeux fermés !
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