jeudi 16 décembre 2010

Le fils du désert (1948)


LE FILS DU DESERT (3 Godfathers)
Réalisateur : John Ford
Scénario : Frank S. Nugent
Avec : John Wayne, Pedro Armendariz, Harry Carey Jr., Ward Bond

Trois bandits attaquent une banque et prennent la fuite, pourchassés par le shérif et ses hommes. Parvenant à leur échapper, ils peinent toutefois à trouver un point d'eau au milieu d'un désert aride. Ils découvrent par hasard un chariot abandonné, où une femme est sur le point d'accoucher. A sa mort, ils jurent de tout faire pour sauver l'enfant ...

Originalité : 8/10
Scénario : 7/10
Musique : 7/10
Interprétation : 8/10
Mise en scène : 8/10
>> Note globale : 7.6/10

Que vient donc faire cette fable dans la filmographie de John Ford ? Il faut croire qu'il aimait cette histoire, qu'il adapta trois fois (les deux premières semblent perdues), la dernière avec John Wayne en vedette, et le fils de son ami Harry Carey, décédé, et à qui est dédié le film. Nous avons également toutes les raisons d'aimer ce film, simple et drôle, attachant voire émouvant. Imaginer John Wayne avec un bébé dans les bras, s'occupant de lui et grimaçant maladroitement suscite la curiosité des cinéphiles amateurs - comme moi -, et de westerns, et de John Wayne.

Le plus du film est sa mise en scène, éblouissante. Tous les plans sont parfaits, y compris ceux "sacrifiés" pendant le générique de début. J'avais découvert ce film en DVD et avait été frappé par la beauté de la lumière. Un nouveau visionnage au cinéma, dans une copie d'origine, m'a confirmé ce souvenir. La photographie du film est un des points essentiels du film et s'accorde magnifiquement à la mise en scène et à l'histoire racontée. Celle-ci offre plusieurs séquences marquantes : les trois hommes affairés à s'occuper du nourrisson, la rencontre avec B. Sweet ou encore la scène du tribunal dans le bar.

Quelques plans ou scènes m'ont marquées durablement, de manière différente. Un plan d'abord, que l'on n'oublie pas, où Ford filme les mains de Pédro Armendariz parlant au bébé : un hochet dans l'une, un revolver dans l'autre. Une autre scène de pure interprétation, où la caméra reste fixe sur John Wayne qui, dans un beau monologue, raconte ce qu'il vient de voir (le spectateur n'a rien vu). Elle démontre, si c'était encore à confirmer, le talent de Wayne, et semble devancer une autre scène mythique de l'acteur seul devant la caméra, dans La prisonnière du désert.
Ford filme plus tard les trois hommes qui partent dans le désert, la nuit, après avoir lu la Bible. D'une beauté formelle, elle les représente en rois mages guidés par une seule grande étoile brillante. On est déçu de la part de Ford en voyant cette scène, un peu grotesque et qui laisse à penser que le réalisateur tombe dans la propagande religieuse facile. Mais, quelques minutes plus tard, il filme John Wayne jetant la Bible. Une scène très forte, à tous points de vue, et qui rappelle que chez Ford, rien n'est figé. Une belle leçon de cinéma que l'on revoit toujours avec beaucoup de plaisir.

mercredi 15 décembre 2010

Les patriotes (1994)


LES PATRIOTES
Réalisateur : Éric Rochant
Scénario : Éric Rochant
Avec : Yvan Attal, Richard Masur, Moshe Ivgy, Bernard Le Coq, Jean-François Stévenin

Le jour de ses 18 ans, Ariel annonce à ses parents qu'il part en Israël. Il est recruté par le Mossad et formé à ses méthodes. Tel Aviv, Paris, Washington ... un récit d'espionnage international, dont la violence est d'autant plus intense qu'elle s'exerce sans brutalité.

Originalité : 8/10
Scénario : 9/10
Musique : 8/10
Interprétation : 9/10
Mise en scène : 8/10
>> Note globale : 8.4/10

Grande réussite française des années 90, Les Patriotes est un film très ambitieux qui réussit parfaitement son pari de mêler grand cinéma populaire et qualité cinématographique. La mise en scène de Éric Rochant (qui bénéficia de 24 semaines de tournages !) est superbe, précise, inspirée et parfaitement fluide. Il faut observer attentivement les séquences pour remarquer les prouesses de réalisation, les partis pris et les mécaniques d'enchaînement. Du premier (sur le drapeau israélien) au dernier plan inclus (le basculement de la caméra qui rentre dans l'intimité), le film est visuellement magnifique.

Les acteurs sont formidablement choisis et dirigés. Une pléiade d'interprètes français aussi excellents les uns que les autres, à commencer par Yvan Attal, sobre, silencieux mais charismatique, Bernard Le Coq d'une très grande justesse à chaque instant, Jean-François Stévenin dans son meilleur rôle, et une jeune Emmanuelle Devos très prometteuse. Le film est également pour moi une manière de réhabiliter Sandrine Kiberlain, dont je ne suis pas très fan, qui trouve là un très beau rôle, qu'elle interprète de manière étonnante.

Le seul bémol du film vient peut-être du fait qu'il est coupé en deux parties bien distinctes (le même problème que Full Metal Jacket à mon goût), ce qui perd le spectateur (qui reprend son souffle) une dizaine de minutes. Toutefois les deux parties sont si bien réussies que l'on s'y replonge vite avec plaisir, observant ainsi l'avancée dramatique d'un scénario sans concessions, extrêmement bien travaillé et dialogué. On en redemande.

jeudi 9 décembre 2010

Pat Garrett et Billy the Kid (1973)


PAT GARRETT ET BILLY THE KID (Pat Garrett & Billy the Kid)
Réalisateur : Sam Peckinpah
Scénario : Rudolph Wurlitzer
Avec : James Coburn, Kris Kristofferson, Bob Dylan, Jason Robards

Pat Garrett et Billy the Kid, deux amis de longue date, sont désormais ennemis jurés. Tandis que le premier est un repenti qui arbore l'étoile de shérif, le second persiste à enfreindre la loi et à se fixer ses propres règles. Malgré ses avertissements répétés, Pat n'a d'autre choix que d'emprisonner son vieil ami. Mais ce dernier parvient à s'échapper. Une chasse à l'homme implacable va alors commencer.

Originalité : 8/10
Scénario : 9/10
Musique : 8/10
Interprétation : 8/10
Mise en scène : 10/10
>> Note globale : 8.6/10

Bluffant de maîtrise, étourdissant de perfections diverses. L'œuvre s'admire comme un imposant tableau signé par un maître, où l'on pourrait passer des heures à observer les détails. Chaque plan semble être le plus adapté, vouloir changer de place la caméra et on irait vers l'amoindrissement. La superbe photographie, souvent crépusculaire, donne au film un ton particulier, différent des westerns "fin de mythe". Le rythme donné à la plupart des séquences étale l'histoire, cette confrontation psychologique entre deux hommes, à n'en plus finir, comme pour montrer que personne ne souhaite arriver à une fin. Et quand celle-ci arrive, elle est aussi brusque que violente, aussi inattendue qu'inéluctable.

L'ouverture est magistrale, tout comme les premières apparitions des personnages principaux. Kris Kristofferson que je n'imaginais pas du tout à sa place assure avec brio, aux côtés du sublime James Coburn, touché par la grâce (et la classe !). Le scénario, simple en apparence, parvient à tenir en haleine de bout en bout, ouvrant à plusieurs reprises des chemins inattendus, esquissant juste les psychologies des personnages, laissant ainsi le soin au spectateur d'en déduire ce qu'il veut (la scène entre Pat Garrett et son épouse est à ce niveau remarquable). Une très grande leçon de cinéma, à tous points de vue.

mercredi 8 décembre 2010

Les disparus de Saint-Agil (1938)


LES DISPARUS DE SAINT-AGIL
Réalisateur : Christian-Jaque
Scénario : Jean-Henri Blanchon
Avec : Michel Simon, Erich Von Stroheim, Aimé Clariond, Armand Bernard

Dans le pensionnat pour garçons de Saint-Agil, des événements étranges perturbent la vie des jeunes élèves. Les disparitions de plusieurs élèves inquiètent, le comportement des professeurs intrigue. Le directeur essaye de résoudre les problèmes tout en tempérant les tensions et les professeurs.

Originalité : 7/10
Scénario : 6/10
Musique : 7/10
Interprétation : 7/10
Mise en scène : 7/10
>> Note globale : 6.8/10

Clairement, ce film a vieillit, à tous les niveaux peut-être, excepté le dialogue, très soigné. Je retiens notamment une très belle réplique, ancêtre de celle de Docteur Folamour, "laissez nous en paix avec la guerre !". Cette parenthèse close, il faut avouer l'extraordinaire présence de deux géants du cinéma, Michel Simon et Erich Von Stroheim. Sinon leur petite confrontation, on peut retenir leur interprétation personnelle, évidente - l'un alcoolique grande gueule, l'autre froid, mystérieux et apeurant - mais diablement efficace. Les enfants également s'en sortent avec les honneurs, Mouloudji et Serge Grave en tête.

La mise en scène est à la fois originale et conventionnelle. Racontant une histoire du point de vue des enfants, les faisant découvrir la vie des adultes et ses travers de manière brutale, Christian-Jaque filme souvent à hauteur d'enfant ou de manière candide, toutefois sans prendre de risques, d'où une petite déception. Coïncidence peut-être due à mon état de fatigue actuel, une séquence (les réactions des professeurs à la mort de l'un des leurs) m'a fait penser à du Fritz Lang (celui-là même qui filma une histoire au travers les yeux d'un enfant dans Les contrebandiers de Moonfleet), en moins percutant tout de même. L'histoire se suit sans déplaisir, mais sans intérêt majeur toutefois. Les dénouements finaux ne sont pas à la hauteur d'un début de film assez intéressant.

mardi 7 décembre 2010

Les ponts de Toko-Ri (1954)


LES PONTS DE TOKO-RI (The Bridges at Toko-Ri)
Réalisateur : Mark Robson
Scénario : Valentine Davies
Avec : William Holden, Mickey Rooney, Fredric March, Grace Kelly

Pendant la guerre de Corée, un lieutenant réserviste de l'armée de l'air américaine, Harry Brubaker, est désigné pour participer à une dangereuse mission : bombarder, au milieu des tirs de soldats et des canons ennemis, plusieurs ponts stratégiquement importants.

Originalité : 6/10
Scénario : 6/10
Musique : 5/10
Interprétation : 6/10
Mise en scène : 6/10
>> Note globale : 5.8/10

Je dois confesser que, depuis plusieurs mois, j'attendais beaucoup de ce film que j'imaginais comme un pendant aérien des Canons de Navarone. Cruelle déception, à tous les niveaux. La mise en scène est d'une platitude déconcertante, malgré quelques séquences aériennes réussies, et alourdit encore plus des scènes déjà bien convenues. Les effets spéciaux sont très souvent mauvais (l'utilisation de maquettes sur quelques plans est ridicule) et gâchent des scènes. Ainsi, on peut regretter que les explosions diverses ressemblent trop à des feux d'artifice. Seules les scènes de décollage des appareils du porte-avion sont réussies ... c'est mince. Le scénario est complètement balisé et attendu, la scène de fin et son dialogue pro-aviateurs (à replacer dans le contexte évidemment) prêtent à sourire.

L'interprétation est séduisante sur le papier. A l'écran, elle est banale. Deux vedettes, William Holden - qui ne force pas trop son talent, à la limite de la crédibilité parfois - et Grace Kelly - dans un rôle beaucoup trop bateau et effacé - forment le couple charme du film, entourées de "gueules" telles que Fredric March (parfait en amiral), Mickey Rooney (le comique) ou Earl Holliman (le brave type qu'on n'a pas envie de voir mourir). Pas grand chose à sauver de ce divertissement très moyen, à voir si on aime les clichés ... ou les avions.

lundi 6 décembre 2010

Ça commence à Vera Cruz (1949)


ÇA COMMENCE A VERA CRUZ (The Big Steal)
Réalisateur : Don Siegel
Scénario : Geoffrey Homes et Gerald Drayson Adams
Avec : Robert Mitchum, Jane Greer, William Bendix, Ramon Novarro ...

Poursuivi par le capitaine Blake, le lieutenant Duke Halliday débarque à Vera Cruz. Ce dernier, accusé d'avoir volé de l'argent à l'armée, doit prouver son innocence au plus vite. Il se met alors à la poursuite de Jim Fiske. La charmante Jane lui vient en aide.

Originalité : 5/10
Scénario : 6/10
Musique : 5/10
Interprétation : 7/10
Mise en scène : 6/10
>> Note globale : 5.8/10

Le film fut tourné - selon le réalisateur - pour prouver que Robert Mitchum, impliqué dans des affaires de stupéfiants, était bel et bien engagé par le studio. Ceci étant énoncé par Serge Bromberg dans son introduction au film, tout est dit et l'on sait à quoi s'attendre. C'est à dire ... à pas grand chose, sinon à une série B de plus, sympathique grâce à son interprétation. Seule la confrontation entre Mitchum et la magnifique Jane Greer présente un quelconque intérêt, avec quelques dialogues savoureux, les autres acteurs étant des faire-valoir classiques (pourtant j'étais heureux de voir que Ramon Novarro faisait partie de la distribution). La mise en scène de Don Siegel n'existe pas pendant 80% du film, et ne devient intéressante (tout est relatif quand même ...) que dans les dernières séquences. Passable.

Voyage au centre de la Terre (1959)


VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE (Journey to the Center of the Earth)
Réalisateur : Henry Levin
Scénario : Charles Brackett et Walter Reisch
Avec : James Mason, Pat Boone, Arlène Dahl, Diane Baker, Peter Ronson

A Edimbourg, à la fin du siècle dernier, le professeur Lindenbrook, avec la collaboration de son meilleur élève, découvre le moyen de parvenir au centre de la Terre. Le savant organise une expédition et s'engouffre dans les entrailles de la Terre à partir du cratère d'un volcan islandais éteint. Mais le voyage ne fait que commencer et les explorateurs ne sont pas au bout de leurs découvertes.

Originalité : 7/10
Scénario : 6/10
Musique : 7/10
Interprétation : 7/10
Mise en scène : 6/10
>> Note globale : 6.6/10

Voilà un film qui m'avait plusieurs fois enthousiasmé dans mes jeunes années. S'éloignent-elles trop vite que je ne les vois pas passer ? Toujours est-il qu'une nouvelle séance en compagnie des explorateurs du centre de la Terre ne m'a pas laissée aussi forte impression que les premières fois. Peut-être les défauts m'apparaissent-ils plus visibles, et ils sont malheureusement assez nombreux pour ne pas passer inaperçu. La trop grande liberté prise avec le roman original est gênante (mais que vient faire ce personnage féminin ! ... dit le macho de service) et dévalorise même parfois l'intrigue, à commencer par le point de départ de toute l'aventure, assez risible. Les effets spéciaux furent récompensés à l'époque, mais apparaissent aujourd'hui très inégaux. Le bonheur trouvé devant un magnifique plan peut être annulé par un second, grotesque (tous les gros plans sur les iguanes censés représenter des monstres).

Heureusement, nous avons gardé des yeux d'enfants ... pour ma part en tout cas ... et le film reste extrêmement plaisant, notamment grâce à l'interprétation savoureuse de James Mason. Le chanteur Pat Boone fait son numéro et chantonne quelques airs pour finir cul-nu dans un arbre, c'est passable, mais il assure son rôle, tout comme les autres acteurs. La musique est de circonstance, donc réussie, et la photographie en accord la plupart du temps avec les décors. Reste une mise en scène anonyme, plate, loin de celle d'un Richard Fleischer (20.000 lieues sous les mers, avec James Mason en capitaine Nemo), qui n'arrange rien.

vendredi 3 décembre 2010

Le prisonnier de Zenda (1952)


LE PRISONNIER DE ZENDA (The Prisoner of Zenda)
Réalisateur : Richard Thorpe
Scénario : John L. Balderston et Noel Langley
Avec : Stewart Granger, Deborah Kerr, James Mason, Louis Calhern, Jane Greer

Michael, Duc de Streslau, convoite le trône de Ruritanie qui revient de droit à son grand frère, le Prince Rudolph V. Averti des desseins criminels du Duc, l'entourage du Prince le cache en lieu sûr et le fait remplacer par un sosie, Rudolph Rassendy, lors des fêtes de couronnement. Mais le Duc s'aperçoit de la supercherie, parvient à enlever son frère et menace de révéler au peuple que le nouveau Roi est un imposteur ...

Originalité : 6/10
Scénario : 6/10
Musique : 7/10
Interprétation : 7/10
Mise en scène : 7/10
>> note globale : 6.6/10

Une honnête production hollywoodienne, très classique, divertissante, mais qui ne fait pas date, et que l'on ne peut ranger à côté des grandes réussites du genre. A qui la faute ? A un scénario laborieux, convenu de bout en bout (une petite originalité à la fin toutefois - "L'honneur n'est pas qu'une affaire d'hommes !") et multipliant les rebondissements avec plus ou moins de crédibilité (toute l'histoire avec Antoinette de Mauban - alias Jane Greer - ne tient pas la route). A une mise en scène à la papa signée par un honnête artisan des grands studios, Richard Thorpe, dont les autres productions (Les chevaliers de la Table Ronde notamment) ne brillent pas à mes yeux. Quelques plans (stimulés par une belle lumière) sortent du lot, mais difficile de voir en ce réalisateur un brillant auteur. Toutefois, sa mise en scène reste efficace et de bon niveau pour ce genre de films : la séquence du bal, très drôle, est bien filmée, tout comme la séquence finale dans le château fort.

L'interprétation est la force (l'unique intérêt ?) du film. Stewart Granger y interprète deux personnages, liés par une ressemblance physique, et s'en donne à cœur joie avec son charisme et son charmes habituels. James Mason, à son habitude, compose brillamment un personnage d'ailleurs assez éloigné du registre dans lequel je l'ai souvent vu évoluer, maniant cynisme et ambition avec brio (même s'il n'évite pas les pièges du stéréotype du méchant). Côte féminin, Jane Greer - même si son histoire ne me semble pas convaincante - mérite son salaire et livre ce qu'on lui demande, du charme et du mystère, tout comme Deborah Kerr, qui n'est star et importante que sur l'affiche et le générique. Son personnage, fort banal lui aussi, semble combler les vides et apporter une petite touche, artificielle, de romantisme à cette histoire entre hommes. Les enfants y trouveront leur compte (et encore), les autres apprécieront en fonction de leur degré d'attachement au film d'aventures hollywoodien des années 50.

jeudi 2 décembre 2010

La nuit nous appartient (2007)


LA NUIT NOUS APPARTIENT (We Own the Night)
Réalisateur : James Gray
Scénario : James Gray
Avec : Joaquin Phoenix, Mark Wahlberg, Robert Duvall, Eva Mendes

A la fin des années 80, à New-York. Bobby Green est le gérant d'une boite de nuit fréquentée par des trafiquants de drogue et des gangsters en tous genres. Il a prit ses distances avec son père, chef de la police, et son frère, capitaine de police, préférant se vie de débauche avec son amie Amada. A la suite d'une discussion à trois, Bobby refuse de coopérer à la lutte contre les trafiquants que compte mener son frère.

Originalité : 8/10
Scénario : 9/10
Musique : 9/10
Interprétation : 9/10
Mise en scène : 9/10
>> Note globale : 8.8/10

Le premier plan de la première séquence donne tout de suite le ton : la mise en scène est éblouissante, l'interprétation travaillée, la musique colle parfaitement. L'impression d'atteindre l'orgasme au début des préliminaires, la sensation est rare. Très rare pour être soulignée. La suite n'est que confirmation d'un pressentiment originel : nous sommes devant du grand cinéma, où chaque plan est réfléchit, chaque intonation juste, chaque acteur complètement imprégné de son rôle. Joaquin Phoenix est éblouissant de réalisme, Mark Wahlberg nous pousse à questionner ses choix de carrière (une moyenne de un bon film pour deux navets) puisqu'il est bon, très bon. Robert Duvall, en retenue, utilise son charisme au service du rôle. Quant à Eva Mendes, elle devient en l'espace de quelques plans, une véritable icône de sensualité.

Dans une lignée scorsesienne, James Gray livre plusieurs séquences qui marqueront à coup sûr le cinéma des années 2000 : une ouverture magistrale, une séquence oppressante dans un "laboratoire" de trafiquants de drogue, une course poursuite originale, et des séquences finales magnifiques. Considérons la seconde particulièrement, ou comment une simple visite se transforme en leçon de cinéma. Passant du subjectif à l'observation intime de Phoenix, tétanisé par ce lieu, dont on observe en direct, et avec compassion, son écroulement mental, jusqu'au point de non retour, Gray est probablement à l'apogée de son style. La poursuite en voiture, elle aussi simpliste a priori, se transforme en performance par des choix audacieux : aucune musique, juste quelques sons lointains, quelques prises de vue extérieures. Le réalisateur filme un homme qui subit une action (l'attaque par des trafiquants de la voiture de son père), avec un fond sonore subjectif. Cela existe déjà, mais c'est souvent trop appuyé pour que cela fonctionne vraiment (Tom Hanks sur la plage dans Saving Private Ryan). La performance est d'autant plus appréciable ici. Et comme tout n'est que performance dans ce film, on ne peut que l'applaudir et en redemander.

lundi 29 novembre 2010

Une histoire immortelle (1968)


UNE HISTOIRE IMMORTELLE (The Immortal Story)
Réalisateur : Orson Welles
Scénario : Orson Welles
Avec : Roger Coggio, Jeanne Moreau, Orson Welles, Norman Eshley

Pour asseoir son omnipotence, un marchand de Macao décide de réaliser la fable que les marins se racontent de génération en génération : passer une nuit d'amour avec une très belle femme afin d'offrir une descendance à son mari stérile.

Originalité : 9/10
Scénario : 9/10
Musique : 7/10
Interprétation : 9/10
Mise en scène : 9/10
>> Note globale : 8.6/10

Produit par la télévision française, ce film ressemble à un testament. Et pas n'importe lequel, celui de Orson Welles. Une histoire immortelle n'a d'ailleurs d'intérêt que si on l'aborde dans cette optique. D'une très courte durée, cette fable sent la fin et la mort dès les premiers plans, complètement épurés, vides. D'une très grande beauté visuelle (notons la belle lumière de Willy Kurant), elle présente d'emblée un personnage semblable à Citizen Kane, énorme, puissant, riche, à l'égo démesuré, courant vers une fin solitaire. Il désire entreprendre la même chose que son "aîné", un contrôle du destin de son entourage au bénéfice de sa propre gloire, ici en voulant obtenir l'impossible : transformer une légende en réalité. Welles se démarque ainsi parfaitement de la logique inverse (thème de nombreux films), et fait ainsi corps avec son personnage, décrit par son valet dans un superbe dialogue : "Lorsqu'on additionne différents nombres, on va de droite à gauche. Mais si quelqu'un se met en tête d'aller de gauche à droite, qu'est-ce qui va se produire ? Le total serait faussé."

Le film est fascinant à regarder, sans entrer dans l'histoire. Regarder Orson Welles, toujours aussi mégalomane en auteur, incarner un mégalomane à l'écran. L'échec de son personnage est presque plus prétentieux qu'une réussite. Les derniers mots du valet ("Il a attendu jusqu'à l'aube pour goûter à son triomphe, mais ensuite il n'a pas résisté à la conclusion") accentuent ce sentiment d'un réalisateur maudit trouvant dans l'idée du plus grand défi qui soit, la raison de ses multiples échecs et leurs conséquences (exil, productions au rabais, apparitions dans des films). Loin de montrer, avec la mort de son personnage, que la prétention et la mégalomanie sont des défauts (ses défauts), il s'installe définitivement sur un piédestal des intouchables, des génies morts d'avoir voulus voir trop grand, trop fort. Les personnages principaux deviennent alors secondaires, voire inintéressants (le rôle féminin, incarné par Jeanne Moreau - que je déteste - perd tout son intérêt dès lors qu'elle approche le riche marchand qui, dans son gigantisme, rend son douloureux passé parfaitement anodin, et sa figure très antipathique). Je n'ai jamais vu un film aussi égocentrique. Je n'ai jamais vu un film aussi égocentrique toucher au sublime.

Et comme on n'est jamais mieux servit que par soi-même, Welles s'auto-cite, avec talent. Le personnage de millionnaire rappelle Charles Foster Kane au crépuscule de sa vie, physiquement et psychologiquement. Et poussant le vice jusqu'au bout, il termine le film par ce qui avait ouvert Citizen Kane, un objet mélancolique qui tombe au sol, marquant la fin d'une vie, de ses souvenirs et de son vécu. La boucle est bouclée. Une histoire immortelle fut le dernier vrai film réalisé par Orson Welles. Lui seul pouvait trouver une aussi belle fin.

dimanche 28 novembre 2010

Le général est mort à l'aube (1936)


LE GÉNÉRAL EST MORT A L'AUBE (The General Died at Dawn)
Réalisateur : Lewis Milestone
Scénario : Charles G. Booth et Clifford Odets
Avec : Gary Cooper, Madeleine Carroll, Akim Tamiroff, Porter Hall

Douze seigneurs de la guerre, commandés par le terrible général Yang, terrorisent les provinces du Nord de la Chine. A terme, ils pourraient étendre leur domination au pays tout entier. O'Hara, un aventurier américain, se rend à Shanghai, porteur d'une grosse somme d'argent : elle doit permettre d'acheter les armes qui aideront les autorités à défendre les paysans contre les armées de Yang. De son côté, le général engage Peter Perrie, américain également, afin qu'il lui amène O'Hara pieds et poings liés.

Originalité : 8/10
Scénario : 9/10
Musique : 7/10
Interprétation : 8/10
Mise en scène : 9/10
>> Note globale : 8.2/10

Une extraordinaire découverte pour ma part, un film dont j'ignorais même l'existence malgré la présence de deux grands noms du cinéma américain. Après un début un peu laborieux, voire même ennuyeux dont on ne comprend pas bien où il va nous mener, le film prend une autre dimension à partir du moment où tous les personnages sont entrés en scène (cela correspond à la séquence du train, où le général rencontre O'Hara). Comme dans une grande tragédie, on assiste dès lors à une succession de séquences d'une grande force, amenant à une fin aussi attendue (tout est dans le titre du film) qu'imprévisible.

La mise en scène, couplée à la formidable photographie de Victor Milner (les protagonistes semblent toujours entourés d'un fin brouillard, comme coupés du monde, en huit-clos), impressionne. Chaque séquence prise à part pourrait constituer un court-métrage cohérent et passionnant. Réunies, c'est l'extase. On change de lieu, comme on changerait de décor au théâtre (ici, cette qualité - à mes yeux - pourrait probablement constituer un vrai défaut pour d'autres) et on s'achemine vers l'issue fatale. Le film est un huit-clos géographique, physique et moral. Quelqu'un n'en sortira pas vivant mais il ne sera peut-être pas le seul. La séquence finale laisse pantois quant à son déroulement et son aboutissement. Dans l'écriture, la mise en scène, le suspens, l'émotion, on touche au sublime.

Quant à l'interprétation, elle est parfaite au sommet de l'affiche : Madeleine Carroll réussit à ne pas en faire trop dans un rôle pourtant très cliché et dangereux (bémol pour la scène du train tout de même), Akim Tamiroff incarne un très charismatique général Yang, d'une grande complexité psychologique. Il tranche ainsi avec d'autres leaders "exotiques" très caricaturaux, et compose (son rôle est très bien écrit) un homme de pouvoir peu impressionnant physiquement (la différence de taille avec Cooper), calme, lucide sur son destin, intelligent mais manipulable, attachant. La scène de fin reprend tous ses traits de caractères et brouille les pistes, si bien qu'on se demande si l'on doit applaudir la mort d'un tyran ou saluer la fin digne d'un grand militaire. Gary Cooper est, à son habitude, parfaitement à l'aise, charismatique et talentueux (sa composition permet de faire oublier qu'il est, avant d'être un sauveur, un trafiquant d'armes). On en redemande. Une irrésistible impression me fait penser que Le général est mort à l'aube pourrait devenir un de mes films préférés.

Un blog en français sur Gary Cooper : http://garycooper-france.blogspot.com/

samedi 27 novembre 2010

Je sais où je vais (1945)


JE SAIS OU JE VAIS (I Know Where I'm Going !)
Réalisateurs : Michael Powell et Emeric Pressburger
Scénario : Michael Powell et Emeric Pressburger
Avec : Roger Livesey, Wendy Hiller, George Carney, Pamela Brown

Joan Webster doit épouser Sir Robert Gellinger, sur l'île de Kiloran, située dans les Hébrides, en Écosse. Pendant le périlleux voyage, le mauvais temps se lève et Joan reste bloquée sur l'île de Mull avec Torquil Mac Neil, jeune officier de la marine, originaire de la région. Son mariage s'éloigne.

Originalité : 8/10
Scénario : 8/10
Musique : 8/10
Interprétation : 8/10
Mise en scène : 9/10
>> Note globale : 8.2/10

Je sais où je vais aurait pu être la devise du réalisateur Michael Powell sur ce film, tant la maîtrise totale de son art, se ressent dans chaque séquence. Avec une grande liberté dans la mise en scène, et une magnifique photographie (de Herwin Hillier à qui il faut rendre hommage), il offre une comédie romantique, d'une grande simplicité à première vue, très travaillée. Le résultat final, est une vraie réussite. Filmée dans des décors très sauvages de l'Écosse (on se demande parfois comment il a pu éviter la rébellion de son équipe technique), cette comédie sentimentale est interprétée par Roger Livesey (qui remplaça James Mason) et Wendy Hiller (dans un rôle initialement prévu pour Deborah Kerr), très à l'aise dans leurs rôles respectifs. L'évolution du personnage féminin doit beaucoup évidemment à l'actrice qui arrive à rendre son personnage plus sympathique à mesure qu'elle s'obstine dans une quête dont on a du mal (comme elle) à croire à la nécessité.

Le début offre de très beaux moments de mise en scène et d'humour, notamment un rêve où la jeune femme s'imagine épouser une grande société devant un curé représenté par son père, peu enclin au mariage de sa fille. Un autre grand moment du film (dont le tournage nous est révélé par Bertrand Tavernier dans les bonus) est la tempête dans laquelle une petite embarcation se retrouve prisonnière. Alternant plans réels, plans de studios et effets spéciaux, elle atteint son apogée quand le bateau approche dangereusement un énorme tourbillon. Une très belle séquence qui contredit alors habillement le titre du film.

jeudi 25 novembre 2010

La cité sans voiles (1948)


LA CITE SANS VOILES (The Naked City)
Réalisateur : Jules Dassin
Scénario : Malvin Wald et Albert Maltz
Avec : Barry Fitzgerald, Howard Duff, Dorothy Hart, Don Taylor

Une nuit à New-York. Une femme est attaquée chez elle par deux individus, puis assassinée. Quelques heures plus tard, un des voleurs, saoul, est tué par l'autre. La police enquête sur le premier crime, contacte des témoins et des suspects. Un policier tente de faire le lien entre les deux affaires.

Originalité : 7/10
Scénario : 6/10
Musique : 5/10
Interprétation : 7/10
Mise en scène : 7/10
>> Note globale : 6.4/10

Voilà un film qui promet beaucoup, mais qui déçoit. L'idée de faire de la ville le personnage principal de l'histoire est forte mais plombe le film terriblement en reléguant l'intrigue (déjà pas très passionnante) à l'arrière plan et en faisant des personnages des faire-valoir. Fort heureusement, Barry Fitzgerald possède suffisamment de charisme et de talent pour intéresser le spectateur, mais ce n'est pas forcément le cas des autres acteurs, très banals et assez transparents.

Le film fut tourné en extérieurs et non en studios. Cela se voit, c'est bien, mais ça ne fait pas un film, et encore moins une histoire. L'ouverture fait penser un documentaire poussiéreux et remplit de clichés, et prête même à sourire. Heureusement la mise en scène par la suite est un peu plus efficace, et offre de très beaux plans, notamment grâce à l'utilisation des nombreuses fenêtres. Il en reste que, très honnêtement, le film a beaucoup vieillit et ne présente pas un grand intérêt aujourd'hui. La poursuite finale arrive presque à nous captiver une dernière fois, en sachant pertinemment quelle sera l'issue. Une chronique new-yorkaise, datée, et laborieuse.

Reflets dans un oeil d'or (1967)


REFLETS DANS UN ŒIL D'OR (Reflections in a Golden Eye)
Réalisateur : John Huston
Scénario : Chapman Mortimer et Gladys Hill
Avec : Marlon Brando, Élisabeth Taylor, Brian Keith, Julie Harris, Robert Forster

Dans un fort de Géorgie. La belle Leonora est complètement délaissée par son mari, le commandant Penderton, et le trompe avec le colonel Morris. Un jeune palefrenier, mystérieux, observe chaque nuit la maison du couple, et plus particulièrement la jeune femme. Le commandant lui, semble fasciné par le jeune homme.

Originalité : 6/10
Scénario : 7/10
Musique : 6/10
Interprétation : 7/10
Mise en scène : 8/10
>> Note globale : 6.8/10

Ah ! que je ne l'aime pas la transition cinématographique des années 60 à Hollywood. Je me suis demandé ce qu'aurait été ce film avec des stars de la décennie précédente (Deborah Kerr et Kirk Douglas par exemple), difficile de trouver une réponse. Cela aurait été beaucoup plus pudique dans les sentiments à coup sûr. John Huston réalise ici un beau film, très bien écrit et interprété mais remplit à mon goût de petits défauts qui rendent son déroulement parfois pénible. L'histoire, tout d'abord, est très commune, et n'a pas de quoi intéresser réellement, et il faut tout le savoir-faire du réalisateur pour que l'on ne s'endorme pas. Heureusement, certaines scènes sont très drôles.

L'interprétation est inégale : Marlon Brando prend un accent du sud et transforme sa voix avec talent, mais en fait toujours trop et manque parfois de subtilité et de neutralité tout simplement (la courte scène qui précède le final a de quoi agacer, il s'agit pour moi non pas de génie d'acteur, mais de cabotinage pur et simple). Le reste du casting assure avec talent, notamment l'énigmatique Robert Forster, très charismatique. La lumière de Aldo Tonti est magnifique (j'ai vu le film dans sa version "simple", c'est à dire sans le "Technicolor doré" voulu par Huston) et la mise en scène de haute volée (le mouvement de caméra de fin reste un grand souvenir).

Suis-je trop conservateur ? Mais je dois avouer que les thèmes du film sont abordés avec beaucoup de lourdeur. Les scènes d'infidélité sont très banales, voire ridicules (la première où les amants se couchent dans un buisson de mûres), les rapports de couple sont très datés (quelques scènes toutefois rappellent qu'il s'agit de cinéma et non d'un téléfilm, comme une humiliation à la cravache ou un strip-tease provocateur, très réussies) et le rapport à l'homosexualité trop hésitant, et là aussi parfois ridicule (Forster qui fait du cheval complètement nu, Brando qui récupère un tract et le conserve précieusement, cela prête franchement à sourire). Pourtant le personnage du palefrenier voyeur est très intéressant et observer le couple Brando/Taylor à travers ses yeux est une idée pertinente. Dommage que le film ne garde pas cette ligne directrice jusqu'au bout.

mercredi 24 novembre 2010

Dans la brume électrique (2009)


DANS LA BRUME ELECTRIQUE (In the Electric Mist)
Réalisateur : Bertrand Tavernier
Scénario : Jerzy et Mary Kromolowski
Avec : Tommy Lee Jones, John Goodman, Peter Sarsgaard, Kelly MacDonald

New Iberia, Louisiane. L'inspecteur Dave Robicheaux est sur les traces d'un tueur en série qui s'attaque à des très jeunes femmes. Alors qu'il vient de découvrir une nouvelle victime, Dave fait la rencontre d'Elrod Sykes, une star de cinéma, en tournage dans la région. Il lui confie qu'il a repéré dans un bayou des ossements humains enchaînés. Cette nouvelle fait ressurgir en Dave des souvenirs enfouis.

Originalité : 8/10
Scénario : 8/10
Musique : 7/10
Interprétation : 8/10
Mise en scène : 8/10
>> Note globale : 7.8/10

Adapté du roman de James Lee Burke (au fabuleux titre : Dans la brume électrique avec des morts confédérés), ce film est un policier très efficace, basculant régulièrement - avec art - dans le fantastique, grâce à la présence du fantôme d'un général confédéré, John Bell Hood, offrant de très beaux moments de cinéma. La mise en scène est efficace, tout en restant assez conventionnelle, et est magnifiée par la superbe lumière (signée Bruno de Keyzer). L'intérêt de cette histoire assez simple, c'est son traitement : toujours avec justesse, en allant à l'essentiel, à l'image du début du film qui nous plonge directement dans l'enquête, sans explications laborieuses. L'interprétation est à la hauteur du scénario, celle de Tommy Lee Jones bien sûr, mais aussi John Goodman en mafieux local ou encore Mary Steenburgen, rayonnante de naturel dans les scènes intimes. On peut regretter (mais c'était un parti pris de Bertrand Tavernier) la lenteur du film, les séquences lyriques (une partie de pêche aux dialogues surprenants), mais l'ensemble fonctionne à merveille.

Il convient également de citer le journal de bord du tournage signé Bertrand Tavernier, Pas à pas dans la brume électrique, très intéressant car il permet de voir comment le réalisateur à aborder le tournage, ses visites des lieux, ses rencontres, sa relation avec Tommy Lee Jones (très impliqué sur le film) ou encore ... des recettes de cuisine locale.

Mourir d'aimer (1971)


MOURIR D'AIMER
Réalisateur : André Cayatte
Scénario : André Cayatte et Pierre Dumayet
Avec : Annie Girardot, Bruno Pradal, François Simon, Jean Bouise

Pendant les événements de mai 68, une professeur de français débute une relation avec un de ses élèves, mineur. Elle se heurte alors aux incompréhensions des autres, notamment des parents du jeune homme, qui décident de porter plainte.

Originalité : 8/10
Scénario : 8/10
Musique : 7/10
Interprétation : 8/10
Mise en scène : 7/10
>> Note globale : 7.6/10

Voilà un film marquant pour un jeune homme comme moi, qui plus est étudiant en Histoire. Adaptant une histoire vraie qui avait marquée l'époque, le film retranscrit parfaitement tout l'état d'esprit d'une société à un moment donné. Difficile d'admettre qu'il s'agit de la France, il y a 40 ans ("Et pas n'importe quelle France, la France du général de Gaulle !" dixit OSS 117). Difficile d'admettre la plupart des comportements présentés dans le film, qui apparaissent aujourd'hui parfaitement (heureusement ?) datés. Se pose alors une question compliquée : un tel événement aujourd'hui déchainerais probablement moins les passions, et susciterait à coup sûr la sympathie ... faut-il s'en réjouir ?

Le film a très bien vieillit, à tous les niveaux. Sur le fond d'abord. Je ne sais dans quel but il fut écrit et réalisé - une réhabilitation, voire un nouveau questionnement de l'histoire tragique de cette femme sûrement - mais c'est typiquement le genre de film qui à sa sortie paraît caricatural, d'actualité donc opportuniste, et terriblement manichéen (la jeunesse contre l'ancienne génération pendant mai 68). 40 ans plus tard, il prend une autre allure, dépeint avec force un tableau de la France de la fin des années 60, avec ses défauts, ses qualités, ses rêves et ses échecs, ses contradictions (le père communiste partisan de la Révolution, mais qui agit de la manière la plus conservatrice qui soit avec son fils). Il rappelle à ceux qui pouvaient en douter la formidable (au sens de rapide) évolution de la société, des mœurs et des comportements. Le film ne le montre pas (ou peu), mais l'opinion publique eut un rôle important dans ce drame. Aujourd'hui, cette dernière sauverait la professeur qui dans les années 60 se suicida. Les choses évoluent.

Cinématographiquement, le film reste de très bon niveau car bien réalisé (même si quelques plans très "années 70" apparaissent, comme une plongée en zoom depuis la fenêtre d'un immeuble). La caméra s'adapte au fond du récit : elle a un temps d'avance sur le spectateur. L'histoire d'amour prend forme en quelques plans, très vite, pas de bavardages inutiles, pas de plans sentimentaux. Sans concession, André Cayatte filme de manière à ce que le spectateur arrive dans les scènes quand elles sont commencées, comme le personnage principal subit sa vie, sans voir venir les choses. Annie Girardot est d'une grande justesse, j'ai envie de dire de manière stéréotypée, comme d'habitude. Bruno Pradal est plus fougueux, mais tout à fait convainquant.

mardi 23 novembre 2010

Un homme est passé (1955)


UN HOMME EST PASSE (Black Day at Black Rock)
Réalisateur : John Sturges
Scénario : Don McGuire et Millard Kaufman
Avec : Spencer Tracy, Robert Ryan, Walter Brennan, Lee Marvin, Ernest Borgnine

Un vétéran de guerre, dont les motivations et les intentions inquiètent, arrive dans une petite ville où le train ne s'est pas arrêté depuis plusieurs années. Peu loquace quant à la raison de sa venue à Black Rock, il reste étrangement impassible face aux menaces et violences des habitants de la ville.

Originalité : 7/10
Scénario : 8/10
Musique : 7/10
Interprétation : 8/10
Mise en scène : 8/10
>> Note globale : 7.6/10

78 minutes de bonheur, à consommer sans modération. De l'arrivée remarquée de Spencer Tracy jusqu'à son départ, le film ne contient aucun temps mort, aucune scène sans intérêt et compte même plusieurs moments marquants, dont les affrontements verbaux de Tracy et Ryan (tous deux formidables) et le combat entre Tracy (manchot) et Ernest Borgnine (qui retrouve là un rôle similaire - de gros dur - à celui qu'il tenait dans Johnny Guitare). Entouré de "gueules" (Lee Marvin, Walter Brennan ...), le duo vedette offre un grand spectacle, parfois prévisible, mais jamais convenu (la façon de Tracy de se sortir du guet-apens notamment).

La mise en scène de John Sturges, très conventionnelle dans la plupart de ses grands films, est ici très efficace. Le réalisateur utilise d'ailleurs à merveille le cinémascope (tous les plans sont magnifiques, la photo étant également de qualité), au point d'en faire une référence à mes yeux. L'ambiance particulière conférée au film tient en grand partie à la qualité de la mise en scène, et au choix des plans. Un très grand film, à savourer à tous les niveaux.

dimanche 21 novembre 2010

Ecrit dans le ciel (1954)


ÉCRIT DANS LE CIEL (The High and The Mighty)
Réalisateur : William A. Wellman
Scénario : Ernest K. Gann
Avec : John Wayne, Claire Trevor, Robert Stack, Laraine Day

Dan Roman est un pilote de ligne expérimenté, hanté par un passé tragique. Aujourd'hui relégué comme second du cockpit, il se retrouve sur le vol routinier Honolulu-San Francisco, un vol qui prend une tournure effrayante quand, à mi-parcours, l'un des quatre moteurs prend feu. L'hélice se détache et un réservoir d'essence commence à fuir ...

Originalité : 7/10
Scénario : 6/10
Musique : 7/10
Interprétation : 6/10
Mise en scène : 7/10
>> Note globale : 6.6/10

Ce pionnier du film catastrophe m'a laissé un sentiment étrange. Sans jamais parvenir à me faire jubiler, il ne m'a pourtant à aucun moment vraiment déçu. Si certains plans sont terriblement datés (mais on en voit encore aujourd'hui !) comme la peluche d'un enfant, seule survivante d'un crash, ou l'apparition d'une croix lumineuse sur la piste d'atterrissage, le réalisateur offre de vrais beaux moments, grâce à une bonne utilisation du cinémascope, notamment sur les plans extérieurs de l'avion. Malheureusement des partis pris intéressants (la présentation des personnages à leur enregistrement par un membre du personnel) sont gâchés par la suite (le défilé théâtral des mêmes personnages à la fin).

Loin des clichés du film catastrophe et des passagers apeurés par un avion qui brûle de partout, le film montre une tout autre ambiance à l'intérieur de l'avion (dont le problème est grave mais pas impressionnant pour le cinéma), avec des moments de doute et de solidarité, sans jamais tomber dans le ridicule. Les personnages présentés sont d'ailleurs assez intéressants dans l'ensemble et interprétés avec conviction. Là où arrive le vrai problème, c'est que la star du film, John Wayne, apparaît comme un comparse, et ne semble avoir aucune motivation. Des très nombreux films que j'ai vu avec Duke, c'est le premier où son interprétation me déçoit vraiment. Le rôle ne lui était, à l'origine, pas destiné, peut-être faut-il y chercher la raison. Cela gâche un peu le plaisir que l'on peut toutefois ressentir devant ce film très honnête, servit par une belle partition de Henry Mancini (qui reçut un Oscar).

L'homme aux colts d'or (1959)


L'HOMME AUX COLTS D'OR (Warlock)
Réalisateur : Edward Dmytryk
Scénario : Robert Alan Arthur
Avec : Henry Fonda, Anthony Quinn, Richard Widmark, Dorothy Malone

Sous la conduite d'un riche propriétaire terrien, une bande de dangereux hors-la-loi met à feu et à sang la petite ville de Warlock. Terrorisés, mais désireux d'en finir, les habitants se réunissent en comité et décident d'engager un tueur professionnel de réputation, Clay Blaisdell, surnommé "l'homme aux colts d'or". Il arrive en ville avec son fidèle compagnon, Tom Morgan.

Originalité : 8/10
Scénario : 8/10
Musique : 7/10
Interprétation : 8/10
Mise en scène : 8/10
>> Note globale : 7.8/10

Un western original, sur beaucoup de points. Peu de bagarres, de duels, pas de chevauchée, pas de grands espaces, mais une petite ville minière où tout se joue. Tout est beaucoup plus psychologique, lent. Les regards et les pensées des personnages plutôt que leurs flingues et leurs points annoncent les westerns de Sergio Leone, étirés à l'extrême jusqu'à l'abus. Ainsi, le règlement de comptes final n'est pas un concours de gâchette, mais un affrontement entre plusieurs visions des choses. C'est forcément plus fort, plus intense, surtout quand c'est servit par des pointures. Outre Henry Fonda, impeccable de calme et de charisme dans son personnage de légende vivante, c'est bel et bien Anthony Quinn qui retient notre attention, tout en retenue et en classe, constamment sur le fil, imprévisible et incalculable (en cela, le rôle s'oppose parfaitement à celui qu'il campait avec autant de talent dans Le monde lui appartient). Richard Widmark lui aussi est en retenue, mais cela ne lui va pas, son personnage manque d'épaisseur, et n'est pas très bien écrit (sa soudaine envie de justice n'est pas crédible).

Plusieurs séquences restent très marquantes, de la "présentation" de Henry Fonda au propriétaire terrien, avec Anthony Quinn au canon scié, jusqu'à l'épilogue inattendu, en passant par le lynchage violent de Richard Widmark par ses anciens amis. Edward Dmytryk surprend, cherche des plans nouveaux (dans les combats singuliers notamment) et parvient à réaliser un western de transition, entre le classique et le spaghetti. Ce n'est pas rien ...

samedi 20 novembre 2010

Coup de torchon (1981)


COUP DE TORCHON
Réalisateur : Bertrand Tavernier
Scénario : Jean Aurenche et Bertrand Tavernier
Avec : Philippe Noiret, Isabelle Huppert, Jean-Pierre Marielle, Stéphane Audran, Eddy Mitchell

En Afrique Occidentale Française, à la fin des années 30. Lucien Cordier est l'unique policier d'une petite ville coloniale. Lorsque son officier supérieur lui fait prendre conscience de sa médiocrité, il se transforme en justicier inspiré par Dieu.

Originalité : 8/10
Scénario : 9/10
Musique : 8/10
Interprétation : 9/10
Mise en scène : 8/10
>> Note globale : 8.4/10

Une très grande réussite de Bertrand Tavernier, qui adapte là un roman de Jim Thompson, avec brio. L'action est transposée en Afrique, plus particulièrement en AOF, et montre une vision tout à fait éloignée des clichés que l'on peut avoir sur la période. Les personnages sont tous méprisables d'une certaine façon, et eux même semblent être les premiers à s'en rendre compte, tout du moins ont-ils l'air de se demander ce qu'ils font là. Ainsi leurs comportements en pâtissent et ils ne font plus aucune concessions. On croirait les voir évoluer dans un monde parallèle, tant ils semblent privé de sentiments (à l'exception peut-être de l'institutrice, que Noiret met en garde). Les personnages sont tous à l'image du principal - le policier -, ils subissent leurs vies.

Loin des clichés sur les français colonisateurs vivant dans l'abondance et la joie, tous semblent ici s'ennuyer et aspirer à une autre vie (Stéphane Audran ne rêve que d'aller sur la Côte d'Azur, Eddy Mitchell veut s'engager). Pas de manichéisme, tout le monde a ses bons et ses mauvais côtés, et jamais on ne cherche d'excuses à leurs médiocres actions. Si terribles qu'elles soient, elles ne surprennent pourtant jamais. Le monologue raciste de Guy Marchand ne choque pas, les assassinats froids de Philippe Noiret coulent de source, l'attitude de Isabelle Huppert est presque défendable, on a de la compassion pour Stéphane Audran. Tout se déroule comme dans un western crépusculaire - de plus, le décor s'y prête.

L'interprétation est à la hauteur de l'histoire : Philippe Noiret est magistral dans son personnage énigmatique, Isabelle Huppert généreuse, Stéphane Audran très drôle (tout comme Eddy Mitchell dans un rôle inattendu), Jean-Pierre Marielle en état de grâce et Guy Marchand tout à fait à l'aise. La mise en scène est comme toujours très travaillée et s'adapte à l'action (dans la précipitation de la déclaration de guerre, il nous offre par exemple un superbe plan séquence), autant que la musique de Philippe Sarde qui prolonge et accompagne ce qu'on voit à l'écran. Les séquences finales, l'apothéose de Philippe Noiret, sont d'anthologie. Nous ne sommes pas loin de la claque cinématographique.

vendredi 19 novembre 2010

Space Cowboys (2000)


SPACE COWBOYS
Réalisateur : Clint Eastwood
Scénario : Ken Kaufman et Howard Klausner
Avec : Clint Eastwood, Tommy Lee Jones, Donald Sutherland, James Garner

A la fin des années 50, une équipe de l'US Air Force formée pour l'exploration spatiale fut écartée par la NASA, et remplacée dans l'espace par un chimpanzé. Aujourd'hui à la retraite, Frank Corvin, est contacté car il s'avère être le seul à pouvoir résoudre le délicat problème d'un satellite qui dévie de sa trajectoire. Il décide alors de réunir son ancienne équipe.

Originalité : 6/10
Scénario : 6/10
Musique : 6/10
Interprétation : 7/10
Mise en scène : 6/10
>> Note globale : 6.2/10

Un divertissement plaisant mais terriblement banal dans son traitement. Tout - de A à Z - est convenu et prévisible, ce qui gâche le plaisir de voir se confronter quatre pointures du cinéma américain (notamment un Tommy Lee Jones en très grande forme). Quant à la mise en scène, elle subit les faiblesses du scénario et ne propose aucune originalité, sinon un très joli plan final, malheureusement peu crédible. A voir pour les séquences comiques des retrouvailles et des phases entrainements, et pour les grands acteurs qui se donnent la réplique.

jeudi 18 novembre 2010

Le monde lui appartient (1952)


LE MONDE LUI APPARTIENT (The World in His Arms)
Réalisateur : Raoul Walsh
Scénario : Borden Chase et Horace McCoy
Avec : Gregory Peck, Anthony Quinn, Ann Blyth, John McIntire

En 1850, à San Francisco, Jonathan Clark, un marin aventurier, tombe amoureux de la comtesse Marina Selanova, qui fuit un mariage arrangé et qui cherche à rejoindre l'Alaska. Il défie également un autre marin, le Portugais, et met en jeu son propre navire.

Originalité : 8/10
Scénario : 8/10
Musique : 8/10
Interprétation : 9/10
Mise en scène : 8/10
>> Note globale : 8.2/10

Un spectaculaire film d'aventures de Raoul Walsh, avec des acteurs en pleine forme. Gregory Peck, tour à tour sobre et extraverti, est impeccable en aventurier baroudeur, cherchant à acquérir l'Alaska et en organisant une gigantesque fête dans sa chambre d'hôtel. Mais c'est encore Anthony Quinn qui s'offre le meilleur rôle - pourtant difficile -, celui d'un marin typique, magouilleur et insolent. Probablement un de ses plus beaux rôles, qui donne une grande force au film.

Le monde lui appartient propose de grands moments d'aventures, dont une magnifique course de navires et des bagarres générales. La photographie est très belle, parfaitement dans les tons correspondant au récit, plus particulièrement dans la virée que propose Gregory Peck à Ann Blyth (dans un restaurant où l'on parle français). On déguste l'ensemble avec beaucoup de plaisir et on en redemande.

Le cavalier de la mort (1951)


LE CAVALIER DE LA MORT (Man in the Saddle)
Réalisateur : André De Toth
Scénario : Kenneth Gamet
Avec : Randolph Scott, Joan Leslie, Ellen Drew, Alexander Knox

Owen Merritt, petit fermier taciturne, avale son orgueil quand Laurie Bidwell, la femme qu'il aime, se marie avec Will Isham, un riche propriétaire terrien. Isham, d'une jalousie maladive fait le serment de ruiner son rival et engage des hommes pour attaquer son rantch. Merritt décide de rendre les coups.

Originalité : 6/10
Scénario : 6/10
Musique : 7/10
Interprétation : 7/10
Mise en scène : 7/10
>> Note globale : 6.6/10

Un western de série B relativement agréable pour plusieurs raisons : la présence nonchalante de Randolph Scott, la faible durée du film et la mise en scène relevée de André De Toth. Ce dernier sait filmer, et il le prouve à plusieurs reprises, tentant des audaces en mettant en scène plusieurs scènes de nuit, ainsi qu'un gunfight dans un saloon plongé dans le noir. La lumière est travaillée (Charles Lawton Jr.) et les décors très bien mis en valeur (la nature est superbement filmée par De Toth). Reste une histoire très simple, pour ne pas dire simpliste, pas très passionnante, des dénouements attendus, de l'humour facile avec des mexicains, des personnages féminins qui ne sont pas assez creusés.

Les souliers de Saint-Pierre (1968)


LES SOULIERS DE SAINT-PIERRE (The Shoes of the Fisherman)
Réalisateur : Michael Anderson
Scénario : James Kennaway et John Patrick
Avec : Anthony Quinn, Oskar Werner, Laurence Olivier, David Janssen, Vittorio De Sica

L'archevêque ukrainien Kiril Lakota, prisonnier politique en Sibérie depuis vingt ans, est libéré. Nommé cardinal par le pape, il succède à celui-ci à sa mort, à la grande surprise de tous. Il doit alors faire face à la situation internationale délicate, notamment aux tensions entre la Chine et les pays occidentaux.

Originalité : 9/10
Scénario : 8/10
Musique : 8/10
Interprétation : 8/10
Mise en scène : 7/10
>> Note globale : 8/10

Adapté d'un roman de Morris L. West, ce film a une longueur d'avance. En 1968, il précède de dix ans l'élection de Jean-Paul II. A l'heure où je publie cet article, il a encore au moins 50 ans d'avance sur les changements que devrait opérer l'Église Catholique sur elle-même. L'aboutissement du film, la très belle séquence finale, fait encore réfléchir, et semble bien être une solution - qui serait historique - aux questions sur la place de la religion, du Vatican et du Pape dans le monde.

Cinématographiquement parlant, la première partie est très contemplative. Esthétiquement réussie (notamment le conclave vu de l'intérieur), elle est toutefois académique à l'extrême, et peut déplaire à juste titre aux réfractaires de ce genre de cinéma. La seconde partie est plus intéressante, même s'il ne faut attendre aucune audace de mise en scène (un joli plan sur la chaise vide du Saint-Père tout de même). Néanmoins, plusieurs séquences marquent durablement : le déplacement du Pape incognito dans la ville, la mort de son conseiller personnel, la réunion avec le dirigeant chinois et russe. Les dialogues sont percutants et atteignent même des sommets lorsqu'une femme perdue demande au Chef de l'Église des conseils sur l'amour. La performance de Anthony Quinn, très crédible, est remarquable. Celle de Laurence Olivier ne l'est pas moins, dans un autre registre.

mercredi 17 novembre 2010

La chute de l'Empire Romain (1964)


LA CHUTE DE L'EMPIRE ROMAIN (The Fall of the Roman Empire)
Réalisateur : Anthony Mann
Scénario : Ben Barzman, Basilio Franchina, Philip Yordan
Avec : Stephen Boyd, Alec Guinness, Sophia Loren, James Mason, Christopher Plummer

Sentant la mort approcher, l'empereur Marc-Aurèle désigne son fidèle Livius pour lui succéder. De peur de se voir dépossédé du trône, Commode fait assassiner son père Marc-Aurèle. Acclamé par les soldats, il condamne à l'exil sa sœur Antonia et son ami Livius. Les années passent ... Fou, incontrolable, Commode provoque par ses actes la révolte des provinces de l'Est. C'est le début du déclin de Rome.

Originalité : 9/10
Scénario : 9/10
Musique : 7/10
Interprétation : 9/10
Mise en scène : 8/10
>> Note globale : 8.4/10

Probablement le meilleur péplum qui m'a été donné de voir. Le plus intelligent, le plus fort, le plus surprenant, le moins conventionnel dans son classicisme (à noter qu'il n'y a pas l'ouverture/intermission/fermeture). Anthony Mann, connu pour ses westerns et films noirs, s'attaque à un morceau important de l'histoire antique : le début du déclin de l'empire millénaire. Beaucoup moins grandiose que les autres, il s'offre pourtant un immense et magnifique décor de forum, où se déroule la scène finale.

Je qualifie - peut-être insolemment - ce film de péplum crépusculaire, de péplum novateur tant les personnages sont désenchantés, tristes à voir évoluer, sans majesté (sinon Alec Guinness en empereur malade), des anti-héros parfaits. La violence est plus réaliste, la lumière plus sombre. On n'a pas envie d'aimer les personnages, même les bons. Les "méchants" sont plus humains, moins caricaturaux (on ne sait pas qui l'on souhaite voir vivre ou mourir à la fin).

On trouve un grand moment de bravoure tout de même, une belle course de char dans les montagnes, très bien filmée et coordonnée. La lumière est très soignée, tout comme le scénario, d'une grande richesse. Le film s'ouvre à l'aube, dans un décor enneigé dans les derniers jours du bon Marc-Aurèle, et s'enfonce petit à petit dans le vice et le trouble (on trouve une impressionnante scène de "bacchanale collective", on assiste en quelques instants à la fin de la grande armée). Le dernier plan, à tous les niveaux, est une incroyable réussite. Dans un grand mouvement de grue laissant apparaître le forum en feu (métaphore de l'empire qui s'embrase ?), on ne voit plus distinctement les quelques hommes qui veulent acheter le pouvoir suprême. La fin de la hiérarchie naturelle, le début de la fin.

Mention spéciale à quelques interprètes : Alec Guinness qui, comme à son habitude, brille, en empereur sage et usé (il a une très jolie scène où sa conscience lui parle, très inattendue dans un film de ce genre). Christopher Plummer fait évoluer de manière habile son personnage, mais c'est surtout James Mason, pourtant en retrait, qui tire son épingle du jeu. En plus de s'offrir à mon goût l'une des plus belles morts du cinéma, toutes ses apparitions sont miraculeuses de justesse : du conseiller de l'empereur au simple paysan, en passant par un discours au cœur du sénat (très subtil de modernité), il est le seul personnage optimiste et appréciable du film. On a presque du mal à croire qu'un personnage si bon puisse exister (notamment lors d'une scène de torture très bien mise en scène). On a envie de croire à son message, même si l'on sait qu'il est voué à l'échec. Comme tout le reste. Une claque cinématographique d'une rare intensité, qui nous fait (presque) oublier la présence exaspérante de Sophia Loren.

Le récupérateur de cadavres (1945)


LE RECUPERATEUR DE CADAVRES (The Body Snatcher)
Réalisateur : Robert Wise
Scénario : Philip MacDonald et Val Lewton
Avec : Boris Karloff, Bela Lugosi, Henry Daniell

Édimbourg, XIXe siècle. Le docteur MacFarlane fait appel au services d'un voleur de cadavres, Gray, pour les besoins de ses expériences médicales. Malheureusement, ce dernier, faute de cadavres frais, va rapidement trouver une nouvelle source d'approvisionnement terriblement macabre ...

Originalité : 8/10
Scénario : 6/10
Musique : 7/10
Interprétation : 8/10
Mise en scène : 7/10
>> Note globale : 7.2/10

Un film à mi-chemin entre l'horreur, l'épouvante et le fantastique, difficile à qualifier. Toutefois, une chose est sûre, Le récupérateur de cadavres vaut bien mieux qu'un film de série B d'épouvante des années 40. La présence de Boris Karloff est tout à fait pertinente pour deux raisons : il inspire immédiatement un sentiment effrayant, c'est un très bon acteur. Son rôle est très bien écrit, et - sans son maquillage de créature de Frankenstein - on découvre une réelle sensibilité (une très belle scène où l'on découvre son passé).

La mise en scène, sans originalité, est efficace et offre de très jolies séquences, contrebalancées par des passages un peu plus laborieux. La fin, qui s'engouffre parfois dans le fantastique (une belle séquence où la voiture du docteur s'emballe à mesure qu'il délire) est très réussie et fait vite oublier les quelques ratés précédents. A découvrir. Pour réhabiliter Boris Karloff.

L'antre de la folie (1948).


L'ANTRE DE LA FOLIE (Behind Locked Doors)
Réalisateur : Budd Boetticher
Scénario : Eugene Ling
Avec : Lucille Bremer, Richard Carlson, Douglas Fowley, Ralf Harolde

Le détective privé Ross Stewart se fait volontairement enfermer dans un asile psychiatrique pour mettre la main sur un juge corrompu qui s'y cache. Mais sa ruse est découverte et son plan se retourne contre lui.

Originalité : 8/10
Scénario : 7/10
Musique : 7/10
Interprétation : 8/10
Mise en scène : 7/10
>> Note globale : 7.4/10

Dans une série de films que Budd Boetticher semblait renier (il avait confié à Bertrand Tavernier qu'il s'agissait de films pour apprendre son métier), L'antre de la folie est une très bonne surprise, un film noir très efficace, mis en scène intelligemment et interprété avec conviction. Sur un thème original (qui sera celui d'un film de Samuel Fuller plus tard), le réalisateur nous enferme dans une clinique privée où sont soignés des malades mentaux et créer une ambiance oppressante.

Les personnages - bien que classiques - sont efficaces, notamment celui du privé interprété par Richard Carlson, assez charismatique pour être crédible (le réalisateur lui offre plusieurs très bonnes scènes : son ombre allumant une cigarette une nuit, son arrivée dans la clinique, la découverte du juge), ou encore de la journaliste, jouée par la très jolie Lucille Bremer, souvent émouvante. Un très bon film à découvrir.

Le voyeur (1960).


LE VOYEUR (Peeping Tom)
Réalisateur : Michael Powell
Scénario : Leo Marks
Avec : Carl Boehm, Anna Massey, Maxine Audley, Moira Shearer

Mark Lewis est cameraman dans un studio cinématographique. A ses heures perdues, il prend des photographies de nus, vendues sous le manteau dans des kiosques à journaux. Le père de Mark, scientifique de renom, consacra sa vie à l'étude de la psychologie de la peur, utilisant son propre fils comme cobaye. Mark, aujourd'hui adulte, est devenu un tueur fou, obsédé par la peur et qui filme l'agonie de ses victimes.

Originalité : 9/10
Scénario : 9/10
Musique : 9/10
Interprétation : 9/10
Mise en scène : 10/10
>> Note globale : 9.2/10

Comment parler d'un chef d'œuvre ? Comment décrire un choc ? Quels mots employer pour retranscrire toute l'émotion cinématographique ressentie ? Michael Powell nous entraine pendant un peu plus de 90 minutes dans un tourbillon de sentiments, le spectateur passant de la peur à l'angoisse, du questionnement à l'empathie, de la folie à la joie. La joie immense de déguster chaque plan, chaque séquence, chaque scène où on peut toujours trouver une très grande idée de mise en scène. L'introduction subjective dans la caméra du tueur est effrayante de sublime (le tout en plan séquence !), tout comme la lente mise en place du deuxième assassinat sur le plateau de tournage.

Le personnage principal, incarné par Carl Boehm est une très grande énigme jusqu'au final, bouleversant. La subtilité du rôle et de son interprétation le rend angoissant, sympathique, fou, brillant, machiavélique, sadique, humain et attachant, sans jamais ne lui trouver une excuse "scientifique" (il n'est pas fou, ni atteint mentalement, il est pleinement conscient de son état), ce qui donne une très grande force au film. L'interprétation des autres personnages est plus classique, quoique très efficace (notamment la mère aveugle). Le scénario et les dialogues sont extrêmement bien écrits, comme une partition où il ne faut retirer ni ajouter la moindre note sous peine d'amoindrir l'ensemble.

La lumière est au cœur du film : elle est un instrument de peur, de mise en scène. La pénombre ici est plus rassurante que la lumière (dans une scène, le tueur demande à sa voisine de rester dans l'obscurité, donc en sécurité) et dans une scène complètement inattendue, Powell met en scène le point d'orgue de cette réflexion sur la lumière en faisant venir une femme aveugle dans le studio de développement du tueur (- "la lumière s'est arrêtée trop tôt !" - "pour moi aussi."). Un chef d'œuvre.

mardi 16 novembre 2010

La colline des potences (1959).


LA COLLINE DES POTENCES (The Hanging Tree)
Réalisateur : Delmer Daves
Scénario : Wendell Mayes
Avec : Gary Cooper, Maria Schell, Karl Malden, George C. Scott

1870. L'histoire commence à Skull Creek, un camp de chercheurs d'or du Montana. A son arrivée dans la ville, le Docteur Joseph Frail s'installe à proximité du vacarme provoqué par ce melting-pot explosif d'aventuriers en mal de sensations, de filles de fortune et d'hommes des plaines. Se révélant aussi habile avec un scalpel qu'avec un pistolet, Frail aura besoin des deux. Un passé tragique ternit son existence tandis que la fourberie des villageois jette une ombre sur son avenir.

Originalité : 7/10
Scénario : 9/10
Musique : 8/10
Interprétation : 9/10
Mise en scène : 9/10
>> Note globale : 8.4/10

Impressionnant western, dont les qualités apparaissent au fur et à mesure que la tension monte. Delmer Daves filme la banalité avec originalité (l'arrivée de Gary Cooper), dès l'ouverture au son de la formidable musique de Marty Robbins. Les personnages mettent du temps à s'installer, on connaît petit à petit leur passé, leurs forces, leurs faiblesses mais tout est remis en question : bien difficile de comprendre le comportement de Gary Cooper qui méprise une femme qu'il a sauvé.

Dans de superbes mouvements de grue et de caméra, Daves filme une scène de folie collective où le village est mis à feu et à sang pour un simple motif, prétexte au lynchage injuste. Cette longue séquence finale, qui monte crescendo en puissance, nous laisse sans voix, pétrifiés devant l'issue qui s'annonce inéluctable. Tous les pires sentiments humains y sont représentés : la jalousie, la rancune, la lâcheté, la corruption. Le dernier plan du film, esthétiquement et techniquement sublime, laisse pantois. On ne dit rien, et on admire.

Cette même séquence finale prend a posteriori une autre dimension, puisqu'il s'agit du dernier western, et de Cooper, et de Daves (qui pour des raisons de santé n'en tourna plus). Le regard de Gary Cooper, fatigué, vieux, apparaît comme une formidable conclusion à sa carrière de légende de l'Ouest, celle d'un homme qui a tout connu, et qui n'aspire plus qu'au repos, sceptique quant au devenir de ceux qui vont rester. Grand moment de cinéma. Un de mes westerns préférés.

Un blog en français sur Gary Cooper : http://garycooper-france.blogspot.com/

J'ai vécu l'enfer de Corée (1951).


J'AI VECU L'ENFER DE COREE (The Steel Helmet)
Réalisateur : Samuel Fuller
Scénario : Samuel Fuller
Avec : Gene Evans, Robert Hutton, Steve Brodie, James Edward

Durant la guerre de Corée, une compagnie entière est éliminée par les communistes. Le sergent Zack est laissé pour mort, les mains liées derrière le dos, livré à lui-même. Il est libéré par un jeune enfant coréen, qui le guide vers les lignes américaines. En chemin, ils rencontrent un infirmier noir, Thompson, dans la section a été anéantie. Ils finissent par rejoindre une patrouille composée d'éléments très divers.

Originalité : 8/10
Scénario : 8/10
Musique : -
Interprétation : 9/10
Mise en scène : 9/10
>> Note globale : 8.5/10

J'ai vécu l'enfer de Corée est un très mauvais titre français pour ce grand film de Samuel Fuller, qui est tout sauf un film de guerre classique. Pas de grands moments de bravoure, pas d'explosions dans tous les coins à chaque séquence, pas d'agitation patriotique à la fin du film. Seulement les quelques moments partagés par des hommes plongés au cœur d'un conflit dont on ignore presque tout dans le récit.

Fuller nous offre une magnifique ouverture, énigmatique, épurée, prenante. La prestation géniale de Gene Evans débute à la première seconde, pour ne plus s'arrêter. Il avance avec son "sauveur" dans une jungle embrumée, hostile, terrifiante de silence. Plusieurs grandes séquences s'offrent alors au spectateur, notamment celle du guet-apens de l'adversaire, dans la pénombre, dont on ne distingue presque rien. La mise en scène est brutale et simple, sans concessions (la terrible scène du cadavre piégé, magnifique).

Outre l'interprétation très juste de tous les interprètes, quelques moments marquent durablement le spectateur : les relations de l'enfant avec le vieux soldat borné, une exécution violente d'un prisonnier (que l'on voit rarement au cinéma), une scène très touchante du médecin noir qui, répondant froidement et avec une lucidité incroyable à un prisonnier, confie sa vision des choses sur la place des noirs dans la société américaine ("Aujourd'hui, nous sommes à l'arrière du bus, il y a 50 ans, nous n'avions pas le droit d'y monter"). Peut-être une des plus belles scènes de ce genre dans le cinéma américain. La scène finale, presque convenue, prend une tout autre dimension après ce que l'on vient de voir. Du très grand cinéma.

Capitaine Mystère (1955).


CAPITAINE MYSTÈRE (Captain Lightfoot)
Réalisateur : Douglas Sirk
Scénario : W. R. Burnett
Avec : Rock Hudson, Barbara Rush, Jeff Morrow

La révolution irlandaise, au début du XIXe siècle. Michael Martin, en fuite, est sauvé des dragons britanniques, par le chef des partisans irlandais, John Doherty, et devient très rapidement son second ...

Originalité : 7/10
Scénario : 8/10
Musique : 7/10
Interprétation : 8/10
Mise en scène : 8/10
>> Note globale : 7.6/10

Un film d'aventures sans aventures, rappelant Les contrebandiers de Moonfleet par bien des aspects : héros viril à l'opposé de l'archétype hollywoodien, décors naturels et sauvages des côtes britanniques, lumière extrêmement travaillée ... L'ambiance, ici, est plus décontractée, et plus joyeuse que chez Fritz Lang, et on sent la liberté de travail du réalisateur qui tourne loin des studios.

La photographie du film est magnifique (signée Irvin Glassberg) et l'utilisation du cinémascope tout à fait pertinente (une magnifique scène de rivière, une belle séquence finale) et adaptée au récit. On touche à beaucoup de genres : aventures, comédie (une jolie scène de bagarre dans une taverne), drame, suspens ... Rock Hudson, qui ne m'a personnellement jamais enthousiasmé, est très juste dans son rôle, mais la prestation de Jeff Morrow en chef des rebelles irlandais me paraît encore meilleure. Le genre de film qu'on aime de plus en plus à chaque visionnage.

Les diables de Guadalcanal (1951).


LES DIABLES DE GUADALCANAL (Flying Leathernecks)
Réalisateur : Nicholas Ray
Scénario : James Edward Grant
Avec : John Wayne, Robert Ryan, Don Taylor ...

Été 1942, Hawaï. La bataille du Pacifique fait rage. Le commandant Dan Kirby débarque sur l'île pour prendre la tête de la redoutable escadrille des Wildcats. Sa personnalité et ses méthodes autoritaires ne font pas l'unanimité auprès de ses hommes. Le capitaine Griffin s'oppose ouvertement à son nouveau supérieur hiérarchique. Les deux hommes de devoir pourront-ils s'entendre lors des périlleuses missions à venir ?

Originalité : 5/10
Scénario : 6/10
Musique : 4/10
Interprétation : 7/10
Mise en scène : 7/10
>> Note globale : 5.8/10

Dans la série des films de guerre de propagande tournés par John Wayne dans les années 40 et 50, je demande le plus banal. Que dire sur ce film au casting pourtant prestigieux ? Peu de choses, sinon qu'il s'inscrit parfaitement dans le cliché du film de guerre pro-américain (le dernier plan - très beau par ailleurs - est un modèle du genre) au scénario convenu : une montée des tensions entre deux officiers, une fin "passage de flambeau", des séquences familiales (assez agréables), des morts héroïques et des hommes, des vrais. Des images d'archives sont incorporées au récit, adroitement. La photographie du film, curieusement, apparaît comme une des rares choses à sauver. L'ensemble se regarde sans passion, ni dégoût.

Le générique de début dédie le film au courage des pilotes américains et les remercie pour leur concours. Pas la peine d'aller plus loin, sinon pour John Wayne et Robert Ryan. Ou pour Nicholas Ray. Ou pour l'Amérique, éventuellement ...

Le Roi et Moi (1956).


LE ROI ET MOI (The King and I)
Réalisateur : Walter Lang
Scénario : Ernest Lehman
Avec : Yul Brynner, Deborah Kerr, Rita Moreno ...

1860. Anna, jeune anglaise, devient institutrice à la cour royale du Siam. Elle se heurte tout d'abord au Roi de Siam, un homme têtu et autoritaire. Cependant, petit à petit, une affection chaleureuse s'instaure entre eux, à la croisée des chemins de l'Orient et de l'Occident ...

Originalité : 7/10
Scénario : 6/10
Musique : 7/10
Interprétation : 7/10
Mise en scène : 7/10
>> Note globale : 6.8/10

Le Roi et Moi promet énormément de choses, à première vue légitimées par de nombreuses récompenses. Pourtant, il est très difficile de rentrer complètement dans le film, tant il met un temps fou à prendre son envol. Les morceaux musicaux de Rogers & Hammerstein ne séduisent guère et semblent redondants. Certes, tout est beau : les décors sont magnifiques, les costumes splendides, la mise en scène parfaitement adaptée (sage mais efficace), le cinémascope amplifie le côté "splendeur" du film mais ... on n'accroche pas à l'histoire.

Il faut très longtemps - l'arrivée d'émissaires britanniques - pour qu'il se passe réellement quelque chose et qu'on assiste à de beaux moments de cinéma, notamment la magnifique séquence théâtrale où une jeune femme appartenant au Roi présente son adaptation d'un best-seller américain. La scène suivante, de la danse entre Yul Brynner et Deborah Kerr (qui d'ailleurs ne semble pas adaptée au rôle), relève également le niveau d'un film qui dans l'ensemble reste assez plat. La séquence de fin n'est pas convaincante, et on cherche à comprendre ce qui a valut à Brynner l'Oscar du Meilleur Acteur.