samedi 21 août 2010

Au feu, les pompiers ! (Hori, ma panenko), Milos Forman, 1967.

Jan Vostrcil (au centre) et la brigade des pompiers.
Avant de connaître le succès que l'on sait à Hollywood avec Vol au dessus d'un nid de coucou ou Amadeus, Milos Forman réalisa plusieurs films en Tchécoslovaquie, son pays d'origine, dont Au feu, les pompiers ! en 1968. Nettement plus réussi à mon goût que son précédent, Les amours d'une blonde - qui avait été un gros succès à sa sortie - ce film narre les diverses péripéties d'une brigade de pompiers organisant un bal dans leur village, dont l'argument principal est la remise d'une hache honorifique à un vétéran.

Pour son troisième long-métrage, Forman adopte une réalisation beaucoup moins "nouvelle vague" qu'auparavant, ce qui fait de ce film à l'histoire parfaitement anodine une véritable curiosité que l'on découvre avec beaucoup de plaisir. Les nombreux gags font mouche tant on sent qu'ils sont le reflet d'une bien triste réalité (les cadeaux de la tombola qui disparaissent petit à petit, le vétéran qui sait à peine ce qu'il fait là ...), le clou étant la préparation du défilé de jeunes filles, pour élire la Miss Pompier de la soirée.

La force du film réside justement dans ces situations souvent ridicules, toujours prêtes à virer d'un moment à l'autre dans le dramatique. La fin tragique - l'incendie d'une maison et le désespoir d'un homme ayant tout perdu - coule de source tant la tension, qui provoque le rire chez le spectateur, est palpable tout au long du film. Certains reprochèrent au réalisateur cette vision dévalorisante de la population et de leurs "réflexes" (on voit à la fin un pompier restituer un lot de tombola qu'il avait volé, quelques plans insistent sur l'alcoolisme de certains pompiers ...), d'autres virent au contraire une vraie critique sociale d'une société à bout de souffle.

Milos Forman fut lâché par son producteur et ennuyé par le régime, fort heureusement il fut sauvé par deux français qui rachetèrent les droits du film : Claude Berri et François Truffaut. Le réalisateur raconte lui-même cette anecdote dans les bonus du DVD, assez intéressants sur le contexte de la production de cette œuvre. On apprend - on s'en doutait un peu toutefois - que les acteurs étaient tous des amateurs, souvent de vrais pompiers, et qu'ils ne virent pas du tout une atteinte à leur dignité ou une quelconque attaque vis à vis leur "classe sociale" en voyant le film quand il leur fut projeté pour la première fois.

Mon avis sur le film : 8/10
Mon avis sur le DVD : On trouve tout ce qu'il faut pour aller plus loin : une interview intéressante du réalisateur, ainsi qu'un petit documentaire sur la carrière européenne de Milos Forman.

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