mardi 24 août 2010

Gigi, Vincente Minnelli, 1958.

Une comédie musicale américaine dont les trois personnages principaux sont interprétés par des français, voilà un cas assez exceptionnel à Hollywood, qui mérite qu'on s'y arrête. Derrière la caméra toutefois, un habitué, Vincente Minnelli, qui retrouve la capitale française quelques années après Un américain à Paris avec Gene Kelly. Gigi raconte l'histoire, simple, d'une jeune fille rêvant d'amour qui rencontre un jeune homme riche et désabusé.

Classique de la fin des années 50, Gigi bénéficie d'une distribution originale : Louis Jourdan et Leslie Caron (déjà dans Un américain à Paris) forment le jeune couple vedette du film, accompagnés de Maurice Chevalier (et son accent français inimitable) et Hermione Gingold. Le duo principal fait beaucoup moins d'étincelles qu'un Gene Kelly/Leslie Caron mais fonctionne tout de même assez pour nous faire croire à son histoire. Louis Jourdan ne semble pas très à l'aise dans ce rôle, sinon quand il répète It's a bore ! ("C'est ennuyeux !"), titre qui ne résume pas - affirmons-le d'emblée - cette œuvre esthétiquement très réussie.

Hermione Gingold, Louis Jourdan et Leslie Caron.
Le Paris de la Belle Époque est soigneusement reconstitué - à la manière de Hollywood - et offre un ravissement pour les yeux. Les costumes accompagnent la réjouissance de nos sens, qui atteint, logiquement, son paroxysme à l'écoute des nombreuses chansons interprétées par les comédiens. Il faut avoir entendu Maurice Chevalier chanter Thank Heaven For Little Girls (titre aux paroles assez douteuses dans notre temps où se multiplient les affaires pédophiles) pour comprendre pourquoi les américains s'entichèrent durablement de l'homme au canotier, lui permettant même de faire une très belle carrière outre-Atlantique.

Cet émerveillement régulier n'explique cependant pas l'avalanche d'Oscars que reçu ce film (9 en tout !) dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur, sinon l'absence de concurrents sérieux. Si Gigi est une réussite incontestable, il n'égale pas les meilleurs Minnelli (Un américain à Paris, Tous en scène) ou Donen (Chantons sous la pluie). Le rythme est quelques fois saccadé créant plusieurs scènes dont on se serait bien passé (les séances de bonnes manières de la tante, les rebondissements avec l'ancienne conquête de Louis Jourdan ...). En outre, l'absence d'une grande scène chantée et dansée fait défaut. Notons pour la défense du réalisateur qu'il ne fut pas totalement responsable de la version définitive, remaniée par les producteurs.

Heureusement pour nous, plus de plaisir que d'amertume à la vision de cette Gigi "so french" (qui fut d'ailleurs une des dernières grandes comédies musicales de l'époque) où s'enchainent les scènes joyeuses et colorées, dernières représentantes - avec quelques stars encore en vie - d'une époque où Hollywood concevait ce qu'on faisait de mieux en matière de divertissement. That was enterteinment ! ...

Mon avis sur le film : 7/10
Mon avis sur le DVD : Juste le film. La qualité de l'image n'était pas à la hauteur d'une bonne restauration.

Aucun commentaire: