mercredi 25 août 2010

Chantons sous la pluie (Singin' in the Rain), Stanley Donen & Gene Kelly, 1952.

Imaginez le pire. Votre maison brûle, votre magnifique téléviseur haute définition n'existe plus, votre lecteur Blu-Ray non plus, il ne reste qu'une chose à faire, sauver quelques films et s'enfuir à toutes jambes. Il existe certains chefs-d'œuvres pour lesquels on pourrait mettre sa vie en danger. Il ne vous reste qu'une main, dans l'autre il y a Lawrence d'Arabie et Amadeus. Sauvez Chantons sous la pluie ! Au moins, cela vous redonnera le sourire quand l'assurance vous annoncera que vous étiez seul responsable de l'incendie.

Au terme des 103 minutes, plusieurs questions inondent l'esprit : comment ais-je pu vu vivre jusqu'à présent sans avoir vu ce film ? Comment telle perfection est-elle possible ? Pourquoi Gene Kelly et pas moi ? Autant d'interrogations dans l'excitation du premier visionnage. Les suivants sont plus savoureux encore. C'est comme manger un plat dont on sait qu'il est la perfection incarnée. Car il s'agit bien de perfection. Chantons sous la pluie est à lui seul l'incarnation de la comédie musicale hollywoodienne. Un grand réalisateur (il faut revoir son Two for the Road, avec Audrey Hepburn), un géant de la danse (Gene Kelly) également chorégraphe, chanteur et excellent acteur, et des chansons toutes plus belles les unes que les autres.

Gene Kelly, Debbie Reynolds et Donald O'Connor.

Les autres comédiens assurent parfaitement face à Gene Kelly : la charmante Debbie Reynolds (vedette féminine de La Conquête de l'Ouest notamment) et le bon Donald O'Connor (un peu tombé dans l'oubli aujourd'hui alors qu'il fut une star). A l'aise dans la comédie musicale, il n'eut aucun mal à affronter la star de Un Américain à Paris, créant avec lui un formidable numéro de duettiste au début du film, Fit As a Fiddle, impressionnant de maîtrise, éblouissant de virtuosité.

Les numéros musicaux sont tous des pièces d'orfèvrerie. Outre le légendaire Singin' in the Rain, quel enchantement de découvrir You Were Meant for Me. Le ballet de Broadway, et la prestation presque angélique de Cyd Charisse, est l'apothéose du film. Presque un quart d'heure de musique ininterrompue et de danse, les acteurs passant d'un décor à un autre, comme dans un rêve. Teintons toutefois, pour la forme, ce récit dithyrambique d'une petite nuance : je préfère le ballet final de Un américain à Paris, la mise en scène et les idées de Minnelli étant à mon goût plus innovantes. C'est dit.

Cyd Charisse et Gene Kelly.

Et que dire de l'histoire ? Passionnante évocation d'une tragédie méconnue : le passage du muet au parlant, et la disparition de plusieurs stars de l'époque, n'ayant pu s'adapter à la modernité. Le film raconte la transition délicate d'un couple de vedettes du muet vers le cinéma parlant, et des difficultés pour le personnage de Jean Hagen, belle comme tout, mais dotée d'une voix inaudible et ridicule pour une héroïne romantique. Chantons sous la pluie est un film sur Hollywood, et nous montre - à travers de superbes tableaux (la séquence dans le studio vide, dans la brume) - une représentation de l'usine à rêve de l'époque. Elle était à l'image du nom de la société qui emploie Gene Kelly dans le film, Monumentale.

Quelle jeune fille n'est pas tombée amoureuse de Gene Kelly durant son enfance ? Quel jeune garçon n'a pas rêvé de tenir Debbie Reynolds dans ses bras ? Revoir Chantons sous la pluie est un émerveillement de chaque instant, une nostalgie bénéfique et dotée d'un terrible pouvoir de contagion de bonne humeur. S'il ne fallait revoir qu'un seul film avant de mourir, ça serait celui-là. Pour que la transition avec le paradis ne soit pas trop brutale ...

Mon avis sur le film : 10/10
Mon avis sur le DVD : Magnifique édition collector 2 DVDs, avec beaucoup de bonus passionnants, et des documentaires sur l'âge d'or de la comédie musicale à Hollywood. On apprend beaucoup notamment sur l'homme qui se cachait derrière beaucoup de ces succès, Arthur Freed.

3 commentaires:

Anne a dit…

Je sens que ce blog nouveau-né va beaucoup me plaire.
Ni une ni deux, le voilà dans mes favoris!
Bonne continuation!!!

Popila a dit…

J'aime beaucoup ce film, qui a su garder sa fraîcheur et son humour intacts... Certaines scènes de ballet sont magiques, et l'évocation des problèmes que pose à Hollywood le passage du muet au parlant bien vue. ;)

Julien Morva, a dit…

Merci beaucoup Anne pour ce très gentil commentaire, qui me fait rudement plaisir, surtout pour le début !
J'espère ne pas vous décevoir.

Popila, je suis bien d'accord avec vous. La force de ce film, contrairement à d'autres (notamment avec Fred Astaire), c'est qu'il n'a pas pris une ride.