dimanche 22 août 2010

Vainqueur du destin (The Pride of the Yankees), Sam Wood, 1942.

Les turbulences mondiales des années 1940 furent pour le cinéma américain une formidable occasion (ou excuse) de retracer plusieurs vies exceptionnelles à travers des films interprétés par des stars du grand écran. Propagande à peine masquée pour rappeler à tous qu'il faut lutter contre son ennemi quel qu'il soit, puis à la fin de la guerre éloges des héros anonymes, Hollywood offrit plusieurs films tels que Les sacrifiés de John Ford, L'odyssée du docteur Wassell de Cecil B. DeMille avec Gary Cooper ou Un homme change son destin, du même réalisateur que Vainqueur du destin, Sam Wood. En 1942, il réalisa ce film sur la vie du célèbre joueur de base-ball Lou Gehrig, de son enfance à sa fin de carrière prématurée.

Le contexte de création de ces nombreux films de héros aux destins hors du commun influe sur l'écriture des scénarios, et Vainqueur du destin n'est pas épargné par les clichés : les premiers signes de "génie" dès l'enfance, un entourage réfractaire aux volontés du héros ... La réalisation prévisible ne fait qu'accentuer cet éloge de la vie de Lou Gehrig, montré comme quelqu'un d'irréprochable en tous points. Les films démythifiant n'existaient pas à cette époque qui, il faut le reconnaître, avait bien besoin de modèles et d'hommes à qui s'identifier. Ainsi, on peut reprocher au scénario son manque d'objectivité, accentué dès le générique de début par le fait que la propre veuve du joueur de base-ball a été consultée pour la production du film (gage d'authenticité mais aussi de subjectivité).

Babe Ruth (en arrière plan) et Gary Cooper.
Toutefois, Vainqueur du destin s'inscrit dans la liste des films glorifiants réussis. La réalisation de Sam Wood est tout à fait classique mais appropriée à ce genre d'histoire. Les nombreuses scènes de matchs sont bien filmées, et l'ambiance bien rapportée. On se prend alors de passion pour l'ascension fulgurante de ce jeune joueur interprété brillamment par Gary Cooper, impressionnant dans son aisance à jouer n'importe quelle situation. En cela les scènes de la dernière partie du film, alors que son personnage est malade et qu'il se sait condamné, sont sublimes. Comme dans L'homme de la rue l'année précédente, Cooper livre un monologue saisissant devant plusieurs micros et un public dévoué à sa cause. La scène finale au milieu du stade, avec le vrai joueur Babe Ruth, est bouleversante de réalisme et de sincérité.

L'histoire d'amour entre Lou Gehrig et Eleanor Twitchell (formidablement interprétée par Teresa Wright, nommé à l'Oscar) n'est pas originale pour un sou mais réserve quelques jolies séquences, notamment celle avec le policier qui l'aide à s'introduire chez elle, ou celle chez le médecin qui annonce à Teresa que son mari n'a plus beaucoup de temps à vivre. Cette dernière partie plus dramatique, qui contraste avec le ton plus léger de la majorité du film, le rend beaucoup plus intéressant qu'il n'y paraît et nous offre au final un très beau moment de cinéma.

Mon avis sur le film : 8/10
Mon avis sur le DVD : Disponible dans la collection fnac cinéma sous le titre de "La fierté des Yankees", sans aucun supplément.

Un blog en français sur Gary Cooper : http://garycooper-france.blogspot.com/

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