mardi 17 août 2010

Le petit arpent du bon Dieu (God's Little Acre), Anthony Mann, 1958.

Robert Ryan et Tina Louise.
God' Little Acre n'est surement pas la meilleure façon d'aborder la carrière de Anthony Mann, que l'on associe plus vite au western, voir au film historique. Toutefois, découvrir ce film, restauré, offre un grand moment de cinéma, tant dans la construction dramatique (qui voit les tensions s'aggraver à mesure que le père, interprété par l'excellent Robert Ryan, martèle l'idée d'une famille unie) que dans la réalisation soignée de Mann (qui multiplie les séquences visuellement fortes, de l'ouverture à la dernière scène, en passant par la longue séquence du redémarrage éphémère de l'usine et les longs moments passés à creuser des trous autour de la ferme).

La présence d'un Dieu et de l'adoration d'une religion dans une histoire telle que celle-ci, un pauvre fermier qui cherche désespérément l'or caché par son grand-père au lieu de cultiver du coton et de vivre de sa terre, offre à un réalisateur de talent - c'est le cas de Anthony Mann - l'occasion de quelques belles séquences de cinéma : ainsi, on voit Robert Ryan déplacer à plusieurs reprises une croix pour la changer de place. Métaphore simple - simpliste ? - de l'homme qui déplace le problème sans chercher à vraiment le résoudre. Une bagarre finale entre ses fils lui fera prendre conscience des conséquences de l'obsession à laquelle il se livre depuis des années. Ces scènes "mystiques" sont particulièrement bien filmées, et le dernier plan du film est esthétiquement sublime.

On peut reconnaître à l'œuvre quelques longueurs - probablement déjà présentes dans le livre dont le film est l'adaptation - notamment sur le couple Aldo Ray (Will Thompson)-Helen Westscott (Rosamund), mais l'ensemble reste très appréciable. En outre, la présence de quelques scènes sensuelles (Fay Spain dans la baignoire extérieure ou les retrouvailles nocturnes de Will et Griselda) révèle une des clefs des tensions entre les fils, les filles, leurs maris et femmes : le sexe, qui semble alors être - bien plus que l'or - le responsable des maux de la famille Walden.

L'édition DVD dans Les introuvables Fnac peut séduire à première vue mais se révèle assez décevante. L'interview de Jean-Claude Missiaen n'apporte pas grand-chose à qui a déjà entendu parler de Anthony Mann, et on reste sur sa faim concernant les anecdotes sur le tournage. Les affiches et les galeries photos sont des compléments qui ne m'intéressent que très rarement puisqu'on peut trouver de nombreux documents similaires sur le net.

Mon avis sur le film : 8/10
Mon avis sur le DVD : 6/10

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