mardi 18 janvier 2011

Brigadoon (1954)


BRIGADOON
Réalisateur : Vincente Minnelli
Scénario : Alan Jay Lerner
Avec : Gene Kelly, Cyd Charisse, Van Johnson, Barry Jones

Lors d'un voyage en Écosse, deux amis partis chasser se perdent dans la forêt. Surpris de ne pas le voir apparaître sur leur carte, ils arrivent dans un petit village, Brigadoon, où les habitants semblent assez hostiles. Et pour cause, ils n'ont jamais vu le moindre étranger. Pourtant, puisque c'est jour de noce, le futur marié invitent les deux amis à rester un moment.

Originalité : 8/10
Scénario : 7/10
Musique : 7/10
Interprétation : 7/10
Mise en scène : 8/10
>> Note globale : 7.4/10

Quelle belle curiosité que voilà ! Brigadoon, une comédie musicale teintée de fantastique, mise en scène par un des spécialistes du genre, Vincente Minnelli, et interprétée par deux stars, Gene Kelly et Cyd Charisse, au mieux de leur forme. Comment ne pas succomber au charme dès les premiers plans, noyés dans la brume épaisse d'une forêt d'Écosse ? Toute les séquences d'ouverture sont formidablement intrigantes, comme sorties d'un rêve, chanté et dansé bien entendu. On ne s'attend guère à trouver le héros très "urbain" de Chantons sous la pluie, Un jour à New-York ou Un américain à Paris dans cette verdure européenne.

Le film est par la suite beaucoup plus inégal. Si on prend un plaisir jouissif à regarder et écouter la séquence sur la place (I'll go home with Jean), agrémentée de quelques claquettes sans éclats, les scènes qui suivent sont plus conventionnelles, parfois datées, à l'image de cette balade amoureuse à la recherche de fougères. Heureusement, plusieurs morceaux assez lourds sont contrebalancés par des clins d'œils visuels comiques (où Gene Kelly chante son amour à une vache ou un porc par exemple, ou bien quand Cyd Charisse improvise une danse avec une amie déguisée en homme). Gene Kelly aurait voulu tourner en décors naturels, la production refusa. Ainsi, on se retrouve avec un magnifique décor hollywoodien, très réussi d'ailleurs, confortant un peu plus l'idée de l'imaginaire. Le point culminant - et probablement le plus réussi - du film est la traque d'un habitant cherchant à s'enfuir, dans la nuit brumeuse. Utilisant avec talent le cinémascope et le plan-séquence, Minnelli réalise une séquence magnifiquement orchestrée, esthétiquement superbe, dotée d'une très belle musique, oppressante, assez unique dans ce genre de films.

Brigadoon m'a semblé assez pessimiste dans son ensemble, et il aurait gagné en insolence à pousser sa noirceur jusqu'au dénouement final qui, ici, reste assez sage et convenu. Et pourtant ce n'est pas faute d'avoir essayé. Gene Kelly trouve l'amour en la personne d'une femme parfaite à tous points de vue vivant dans un village fantôme, donc dans un rêve. L'idée du film sur l'image de la femme rêvée est assez explicite et sort là totalement du conventionnel. On apprécie aussi le personnage de Van Johnson, très drôle, très cynique, incarnant la représentation du côté cartésien, réaliste - et finalement assez triste - du personnage de Gene Kelly qui, malgré tout, reste un citadin, engagé auprès d'une femme pénible et matérialiste (mais bien réelle celle-là !), vivant dans une réalité pas toujours très drôle. En cela, la séquence à New-York est très belle, là encore assez originale dans une comédie musicale des années 50 - en plus d'être très bien mise en scène. Mieux écrit, mieux rythmé, le film aurait pu devenir un chef d'œuvre. Il n'en reste pas moins très beau, et très appréciable à différents niveaux. Néanmoins, il reste à conseiller, je pense, aux amateurs du genre.

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