LA POISON
Réalisateur : Sacha Guitry
Scénario : Sacha Guitry
Avec : Michel Simon, Jean Debucourt, Pauline Carton, Jacques Varennes
Paul Braconnier vit un enfer conjugal avec sa femme, une mégère alcoolique. Chacun cherche le moyen de supprimer l'autre. Paul se rend alors chez un célèbre avocat qui lui apprend involontairement comment accomplir son crime. Rentré chez lui, il tue sa femme, se constitue prisonnier, et oblige l'avocat, qu'il a rendu complice de son meurtre, à le défendre.
Originalité : 8/10
Scénario : 8/10
Musique : 7/10
Interprétation : 7/10
Mise en scène : 7/10
>> Note globale : 7.4/10
Le film s'ouvre sur un générique original, et très plaisant : la présentation des acteurs et techniciens principaux en images, par le maître lui-même, si bien qu'on croit à un reportage sur le tournage. Le film qui suit est déconcertant et, comme souvent dans l'œuvre générale de Guitry, inégal. Le dialogue est évidemment jouissif et très bien écrit. Alternant les phrases cultes ("Des problèmes de foie, pour un curé, ça ne fait pas bien") et les réflexions plus profondes (de très beaux moments entre l'avocat parisien et le pauvre bougre de campagne), il n'est cependant pas toujours très bien mis en valeur par une mise en scène dans l'ensemble assez terne, voire carrément datée (le montage pénible alternant scènes de tribunal et plans sur les enfants).
Interprétation dans l'ensemble impeccable, théâtrale parfois, mais savoureuse. L'affrontement entre Michel Simon (génial) et Germaine Reuver sent l'authenticité, et peut se revoir en boucle. Guitry trouve d'ailleurs là quelques très bonnes trouvailles, remplaçant un dialogue impossible par le son de la radio. Jean Debucourt, majestueux (de la Coooomédie Française) semble né pour son rôle d'avocat, tout comme Pauline Carton en commère du village. A noter la petite apparition (assez transparente) du jeune Louis de Funès.
Le message du film est terrifiant (un avocat explique involontairement à un homme la meilleure manière de tuer sa femme pour que sa défense soit plus facile), et le dénouement à la fois complètement convenu et totalement amoral. Sous une comédie gentillette se cache une féroce dénonciation des comportements, notamment ceux des villageois, qui n'hésitent pas à vouloir utiliser une fille mentalement retardée pour inventer un miracle divin, et qui se réjouissent de l'assassinat d'une habitante car cela fait une réputation à leur village et fait marcher le commerce. Guitry brouille habilement les pistes et fait s'interroger le spectateur : qui est bon ou mauvais dans cette histoire ? Noir, drôle, atypique, cynique, jouissif, culotté et terriblement misanthrope. Un régal.
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