mardi 16 novembre 2010

J'ai vécu l'enfer de Corée (1951).


J'AI VECU L'ENFER DE COREE (The Steel Helmet)
Réalisateur : Samuel Fuller
Scénario : Samuel Fuller
Avec : Gene Evans, Robert Hutton, Steve Brodie, James Edward

Durant la guerre de Corée, une compagnie entière est éliminée par les communistes. Le sergent Zack est laissé pour mort, les mains liées derrière le dos, livré à lui-même. Il est libéré par un jeune enfant coréen, qui le guide vers les lignes américaines. En chemin, ils rencontrent un infirmier noir, Thompson, dans la section a été anéantie. Ils finissent par rejoindre une patrouille composée d'éléments très divers.

Originalité : 8/10
Scénario : 8/10
Musique : -
Interprétation : 9/10
Mise en scène : 9/10
>> Note globale : 8.5/10

J'ai vécu l'enfer de Corée est un très mauvais titre français pour ce grand film de Samuel Fuller, qui est tout sauf un film de guerre classique. Pas de grands moments de bravoure, pas d'explosions dans tous les coins à chaque séquence, pas d'agitation patriotique à la fin du film. Seulement les quelques moments partagés par des hommes plongés au cœur d'un conflit dont on ignore presque tout dans le récit.

Fuller nous offre une magnifique ouverture, énigmatique, épurée, prenante. La prestation géniale de Gene Evans débute à la première seconde, pour ne plus s'arrêter. Il avance avec son "sauveur" dans une jungle embrumée, hostile, terrifiante de silence. Plusieurs grandes séquences s'offrent alors au spectateur, notamment celle du guet-apens de l'adversaire, dans la pénombre, dont on ne distingue presque rien. La mise en scène est brutale et simple, sans concessions (la terrible scène du cadavre piégé, magnifique).

Outre l'interprétation très juste de tous les interprètes, quelques moments marquent durablement le spectateur : les relations de l'enfant avec le vieux soldat borné, une exécution violente d'un prisonnier (que l'on voit rarement au cinéma), une scène très touchante du médecin noir qui, répondant froidement et avec une lucidité incroyable à un prisonnier, confie sa vision des choses sur la place des noirs dans la société américaine ("Aujourd'hui, nous sommes à l'arrière du bus, il y a 50 ans, nous n'avions pas le droit d'y monter"). Peut-être une des plus belles scènes de ce genre dans le cinéma américain. La scène finale, presque convenue, prend une tout autre dimension après ce que l'on vient de voir. Du très grand cinéma.

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