mercredi 17 novembre 2010

Le voyeur (1960).


LE VOYEUR (Peeping Tom)
Réalisateur : Michael Powell
Scénario : Leo Marks
Avec : Carl Boehm, Anna Massey, Maxine Audley, Moira Shearer

Mark Lewis est cameraman dans un studio cinématographique. A ses heures perdues, il prend des photographies de nus, vendues sous le manteau dans des kiosques à journaux. Le père de Mark, scientifique de renom, consacra sa vie à l'étude de la psychologie de la peur, utilisant son propre fils comme cobaye. Mark, aujourd'hui adulte, est devenu un tueur fou, obsédé par la peur et qui filme l'agonie de ses victimes.

Originalité : 9/10
Scénario : 9/10
Musique : 9/10
Interprétation : 9/10
Mise en scène : 10/10
>> Note globale : 9.2/10

Comment parler d'un chef d'œuvre ? Comment décrire un choc ? Quels mots employer pour retranscrire toute l'émotion cinématographique ressentie ? Michael Powell nous entraine pendant un peu plus de 90 minutes dans un tourbillon de sentiments, le spectateur passant de la peur à l'angoisse, du questionnement à l'empathie, de la folie à la joie. La joie immense de déguster chaque plan, chaque séquence, chaque scène où on peut toujours trouver une très grande idée de mise en scène. L'introduction subjective dans la caméra du tueur est effrayante de sublime (le tout en plan séquence !), tout comme la lente mise en place du deuxième assassinat sur le plateau de tournage.

Le personnage principal, incarné par Carl Boehm est une très grande énigme jusqu'au final, bouleversant. La subtilité du rôle et de son interprétation le rend angoissant, sympathique, fou, brillant, machiavélique, sadique, humain et attachant, sans jamais ne lui trouver une excuse "scientifique" (il n'est pas fou, ni atteint mentalement, il est pleinement conscient de son état), ce qui donne une très grande force au film. L'interprétation des autres personnages est plus classique, quoique très efficace (notamment la mère aveugle). Le scénario et les dialogues sont extrêmement bien écrits, comme une partition où il ne faut retirer ni ajouter la moindre note sous peine d'amoindrir l'ensemble.

La lumière est au cœur du film : elle est un instrument de peur, de mise en scène. La pénombre ici est plus rassurante que la lumière (dans une scène, le tueur demande à sa voisine de rester dans l'obscurité, donc en sécurité) et dans une scène complètement inattendue, Powell met en scène le point d'orgue de cette réflexion sur la lumière en faisant venir une femme aveugle dans le studio de développement du tueur (- "la lumière s'est arrêtée trop tôt !" - "pour moi aussi."). Un chef d'œuvre.

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