mercredi 24 novembre 2010

Mourir d'aimer (1971)


MOURIR D'AIMER
Réalisateur : André Cayatte
Scénario : André Cayatte et Pierre Dumayet
Avec : Annie Girardot, Bruno Pradal, François Simon, Jean Bouise

Pendant les événements de mai 68, une professeur de français débute une relation avec un de ses élèves, mineur. Elle se heurte alors aux incompréhensions des autres, notamment des parents du jeune homme, qui décident de porter plainte.

Originalité : 8/10
Scénario : 8/10
Musique : 7/10
Interprétation : 8/10
Mise en scène : 7/10
>> Note globale : 7.6/10

Voilà un film marquant pour un jeune homme comme moi, qui plus est étudiant en Histoire. Adaptant une histoire vraie qui avait marquée l'époque, le film retranscrit parfaitement tout l'état d'esprit d'une société à un moment donné. Difficile d'admettre qu'il s'agit de la France, il y a 40 ans ("Et pas n'importe quelle France, la France du général de Gaulle !" dixit OSS 117). Difficile d'admettre la plupart des comportements présentés dans le film, qui apparaissent aujourd'hui parfaitement (heureusement ?) datés. Se pose alors une question compliquée : un tel événement aujourd'hui déchainerais probablement moins les passions, et susciterait à coup sûr la sympathie ... faut-il s'en réjouir ?

Le film a très bien vieillit, à tous les niveaux. Sur le fond d'abord. Je ne sais dans quel but il fut écrit et réalisé - une réhabilitation, voire un nouveau questionnement de l'histoire tragique de cette femme sûrement - mais c'est typiquement le genre de film qui à sa sortie paraît caricatural, d'actualité donc opportuniste, et terriblement manichéen (la jeunesse contre l'ancienne génération pendant mai 68). 40 ans plus tard, il prend une autre allure, dépeint avec force un tableau de la France de la fin des années 60, avec ses défauts, ses qualités, ses rêves et ses échecs, ses contradictions (le père communiste partisan de la Révolution, mais qui agit de la manière la plus conservatrice qui soit avec son fils). Il rappelle à ceux qui pouvaient en douter la formidable (au sens de rapide) évolution de la société, des mœurs et des comportements. Le film ne le montre pas (ou peu), mais l'opinion publique eut un rôle important dans ce drame. Aujourd'hui, cette dernière sauverait la professeur qui dans les années 60 se suicida. Les choses évoluent.

Cinématographiquement, le film reste de très bon niveau car bien réalisé (même si quelques plans très "années 70" apparaissent, comme une plongée en zoom depuis la fenêtre d'un immeuble). La caméra s'adapte au fond du récit : elle a un temps d'avance sur le spectateur. L'histoire d'amour prend forme en quelques plans, très vite, pas de bavardages inutiles, pas de plans sentimentaux. Sans concession, André Cayatte filme de manière à ce que le spectateur arrive dans les scènes quand elles sont commencées, comme le personnage principal subit sa vie, sans voir venir les choses. Annie Girardot est d'une grande justesse, j'ai envie de dire de manière stéréotypée, comme d'habitude. Bruno Pradal est plus fougueux, mais tout à fait convainquant.

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