dimanche 28 novembre 2010

Le général est mort à l'aube (1936)


LE GÉNÉRAL EST MORT A L'AUBE (The General Died at Dawn)
Réalisateur : Lewis Milestone
Scénario : Charles G. Booth et Clifford Odets
Avec : Gary Cooper, Madeleine Carroll, Akim Tamiroff, Porter Hall

Douze seigneurs de la guerre, commandés par le terrible général Yang, terrorisent les provinces du Nord de la Chine. A terme, ils pourraient étendre leur domination au pays tout entier. O'Hara, un aventurier américain, se rend à Shanghai, porteur d'une grosse somme d'argent : elle doit permettre d'acheter les armes qui aideront les autorités à défendre les paysans contre les armées de Yang. De son côté, le général engage Peter Perrie, américain également, afin qu'il lui amène O'Hara pieds et poings liés.

Originalité : 8/10
Scénario : 9/10
Musique : 7/10
Interprétation : 8/10
Mise en scène : 9/10
>> Note globale : 8.2/10

Une extraordinaire découverte pour ma part, un film dont j'ignorais même l'existence malgré la présence de deux grands noms du cinéma américain. Après un début un peu laborieux, voire même ennuyeux dont on ne comprend pas bien où il va nous mener, le film prend une autre dimension à partir du moment où tous les personnages sont entrés en scène (cela correspond à la séquence du train, où le général rencontre O'Hara). Comme dans une grande tragédie, on assiste dès lors à une succession de séquences d'une grande force, amenant à une fin aussi attendue (tout est dans le titre du film) qu'imprévisible.

La mise en scène, couplée à la formidable photographie de Victor Milner (les protagonistes semblent toujours entourés d'un fin brouillard, comme coupés du monde, en huit-clos), impressionne. Chaque séquence prise à part pourrait constituer un court-métrage cohérent et passionnant. Réunies, c'est l'extase. On change de lieu, comme on changerait de décor au théâtre (ici, cette qualité - à mes yeux - pourrait probablement constituer un vrai défaut pour d'autres) et on s'achemine vers l'issue fatale. Le film est un huit-clos géographique, physique et moral. Quelqu'un n'en sortira pas vivant mais il ne sera peut-être pas le seul. La séquence finale laisse pantois quant à son déroulement et son aboutissement. Dans l'écriture, la mise en scène, le suspens, l'émotion, on touche au sublime.

Quant à l'interprétation, elle est parfaite au sommet de l'affiche : Madeleine Carroll réussit à ne pas en faire trop dans un rôle pourtant très cliché et dangereux (bémol pour la scène du train tout de même), Akim Tamiroff incarne un très charismatique général Yang, d'une grande complexité psychologique. Il tranche ainsi avec d'autres leaders "exotiques" très caricaturaux, et compose (son rôle est très bien écrit) un homme de pouvoir peu impressionnant physiquement (la différence de taille avec Cooper), calme, lucide sur son destin, intelligent mais manipulable, attachant. La scène de fin reprend tous ses traits de caractères et brouille les pistes, si bien qu'on se demande si l'on doit applaudir la mort d'un tyran ou saluer la fin digne d'un grand militaire. Gary Cooper est, à son habitude, parfaitement à l'aise, charismatique et talentueux (sa composition permet de faire oublier qu'il est, avant d'être un sauveur, un trafiquant d'armes). On en redemande. Une irrésistible impression me fait penser que Le général est mort à l'aube pourrait devenir un de mes films préférés.

Un blog en français sur Gary Cooper : http://garycooper-france.blogspot.com/

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