LA CHUTE DE L'EMPIRE ROMAIN (The Fall of the Roman Empire)
Réalisateur : Anthony Mann
Scénario : Ben Barzman, Basilio Franchina, Philip Yordan
Avec : Stephen Boyd, Alec Guinness, Sophia Loren, James Mason, Christopher Plummer
Sentant la mort approcher, l'empereur Marc-Aurèle désigne son fidèle Livius pour lui succéder. De peur de se voir dépossédé du trône, Commode fait assassiner son père Marc-Aurèle. Acclamé par les soldats, il condamne à l'exil sa sœur Antonia et son ami Livius. Les années passent ... Fou, incontrolable, Commode provoque par ses actes la révolte des provinces de l'Est. C'est le début du déclin de Rome.
Originalité : 9/10
Scénario : 9/10
Musique : 7/10
Interprétation : 9/10
Mise en scène : 8/10
>> Note globale : 8.4/10
Probablement le meilleur péplum qui m'a été donné de voir. Le plus intelligent, le plus fort, le plus surprenant, le moins conventionnel dans son classicisme (à noter qu'il n'y a pas l'ouverture/intermission/fermeture). Anthony Mann, connu pour ses westerns et films noirs, s'attaque à un morceau important de l'histoire antique : le début du déclin de l'empire millénaire. Beaucoup moins grandiose que les autres, il s'offre pourtant un immense et magnifique décor de forum, où se déroule la scène finale.
Je qualifie - peut-être insolemment - ce film de péplum crépusculaire, de péplum novateur tant les personnages sont désenchantés, tristes à voir évoluer, sans majesté (sinon Alec Guinness en empereur malade), des anti-héros parfaits. La violence est plus réaliste, la lumière plus sombre. On n'a pas envie d'aimer les personnages, même les bons. Les "méchants" sont plus humains, moins caricaturaux (on ne sait pas qui l'on souhaite voir vivre ou mourir à la fin).
On trouve un grand moment de bravoure tout de même, une belle course de char dans les montagnes, très bien filmée et coordonnée. La lumière est très soignée, tout comme le scénario, d'une grande richesse. Le film s'ouvre à l'aube, dans un décor enneigé dans les derniers jours du bon Marc-Aurèle, et s'enfonce petit à petit dans le vice et le trouble (on trouve une impressionnante scène de "bacchanale collective", on assiste en quelques instants à la fin de la grande armée). Le dernier plan, à tous les niveaux, est une incroyable réussite. Dans un grand mouvement de grue laissant apparaître le forum en feu (métaphore de l'empire qui s'embrase ?), on ne voit plus distinctement les quelques hommes qui veulent acheter le pouvoir suprême. La fin de la hiérarchie naturelle, le début de la fin.
Mention spéciale à quelques interprètes : Alec Guinness qui, comme à son habitude, brille, en empereur sage et usé (il a une très jolie scène où sa conscience lui parle, très inattendue dans un film de ce genre). Christopher Plummer fait évoluer de manière habile son personnage, mais c'est surtout James Mason, pourtant en retrait, qui tire son épingle du jeu. En plus de s'offrir à mon goût l'une des plus belles morts du cinéma, toutes ses apparitions sont miraculeuses de justesse : du conseiller de l'empereur au simple paysan, en passant par un discours au cœur du sénat (très subtil de modernité), il est le seul personnage optimiste et appréciable du film. On a presque du mal à croire qu'un personnage si bon puisse exister (notamment lors d'une scène de torture très bien mise en scène). On a envie de croire à son message, même si l'on sait qu'il est voué à l'échec. Comme tout le reste. Une claque cinématographique d'une rare intensité, qui nous fait (presque) oublier la présence exaspérante de Sophia Loren.
2 commentaires:
On attend avec impatience la version blu-ray, malheureusement Opening (qui possède les droits en France)enlève toujours l'ouverture, l'entracte, et la fermeture, ne respectant pas l'oeuvre originale (je l'ai vu à l'Empire à Paris à sa sortie et ces éléments y figuraient)
J'espère aussi qu'Opening a effectué une remastérisation pour la version HD en Blu-Ray, car les précédentes versions en DVD n'étaient même pas en AC3 (version au cinéma :stéreo pistes !!!)
C'est, à tout point de vue, le péplum ultime, le plus beau et le plus spectaculaire : mise en scène fastueuse, final au gigantisme inégalé, personnages torturés et passionnants... Un chef-d'oeuvre !
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